
Déjà entendus séparément, Dominique de Villepin et le général Rondot comparaissent à nouveau devant le tribunal correctionnel de Paris. Les deux hommes, dont la version des faits diverge, doivent cette fois faire l'objet d'une confrontation.
C’est le jour du face à face au procès Clearstream. Après s'être exprimés séparément devant le juge - à qui ils ont exposé leur point de vue, très différents, sur l'affaire -, le général Philippe Rondot et l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin sont tous deux attendus à la barre, ce mercredi, pour confronter leur version des faits. Le premier déposera en tant que témoin, tandis que le second sera entendu en qualité de prévenu.
Le 9 janvier 2004, raconte le général Rondot, "le nom de Nicolas Sarkozy est cité, par les uns ou par les autres. Effectivement, Jean-Louis Gergorin évoque un compte couplé [appartenant à] un certain Bocsa, le liant à Nicolas Sarkozy. Je le note sans comprendre". Le militaire se souvient avoir écrit par la suite : "Belle construction intellectuelle qui accroche Dominique de Villepin." L’ancien Premier ministre réfute cette version des faits.
Autre point de divergence entre les deux hommes : le militaire affirme que, dans cette affaire de réseaux occultes de blanchiment, M. de Villepin œuvrait sur les instructions du président de la République d'alors, Jacques Chirac. "J'étais d'autant plus troublé, rapporte le général Rondot, qu'il m'a demandé de ne pas en avertir Michèle Alliot-Marie", alors ministre de la Défense, de qui Rondot dépendait, "sous prétexte que son mari [avait] des liens avec les milieux d'affaires".
Depuis le début de l’enquête , Dominique de Villepin affirme, lui, n'avoir appris que plus tard que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur les faux listings, de même qu'il nie s'être recommandé d'instructions présidentielles. L’ancien Premier ministre a critiqué "les incohérences" des carnets du général Rondot. Selon lui, ces notes "ne retranscrivent pas la réalité historique". La confrontation des deux hommes s'annonce donc très instructive.
Raffarin conforte la défense de Villepin
Mercredi matin, Jean-Pierre Raffarin, qui était Premier ministre en 2004, a par ailleurs donné raison à celui qui était alors son ministre, qui se voit aussi reproché d’avoir eu une gestion inhabituelle de l'affaire Clearstream. "Transmettre un dossier, c'est parfois lui donner une ampleur dont on ne sait pas s'il la mérite", a justifié M. Raffarin. "On commence par valider l'information", a-t-il ajouté. Selon lui, "en aucun cas le président de la République n'a été invoqué dans cette affaire, par quiconque".
Ce témoignage conforte la défense de Dominique de Villepin, seul membre du gouvernement poursuivi dans cette affaire pour ne pas avoir transmis assez rapidement l'affaire à la justice.