En Allemagne, plusieurs personnalités ont appelé les Européens à répondre avec force au Kremlin, après l'empoisonnement présumé de l'opposant russe Alexeï Navalny. Pour eux, il faut "répondre avec le seul langage que Poutine comprenne : les ventes de gaz".
Au lendemain des déclarations d'Angela Merkel concernant l'empoisonnement présumé de l'opposant russe Alexeï Navalny, plusieurs personnalités en Allemagne ont appelé à répondre sans tarder à Vladimir Poutine en utilisant notamment le levier des ventes de gaz.
L'opposant russe a été victime d'un malaise le 20 août dernier à bord d'un avion entre la Sibérie et Moscou après avoir bu du thé à l'aéroport. Hospitalisé à Omsk, en Sibérie, il a été transféré le 22 août en Allemagne où le gouvernement a déclaré, mercredi, détenir la preuve qu'il avait été empoisonné par un produit de la famille du Novitchok, déjà utilisé contre l'ancien espion russe Sergueï Skripal en 2018 au Royaume-Uni.
"Il doit y avoir une réponse européenne", a déclaré jeudi matin le président de la Commission des Affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen, au micro de la radio Deutschlandfunk.
"Nous devons mener des politiques dures, nous devons répondre avec le seul langage que Poutine comprenne : les ventes de gaz", a poursuivi ce cadre de la CDU d'Angela Merkel, auquel la radio allemande demandait s'il fallait stopper le chantier du projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne.
#Russia pursues inhuman & contemptuous politics. Diplomatic rituals are no longer enough. After the poisoning of #Nawalny we need a strong European answer, which #Putin understands: The EU should jointly decide to stop #NordStream2.
— Norbert Röttgen (@n_roettgen) September 3, 2020Wolfgang Ischinger, ancien ambassadeur d'Allemagne à Washington aujourd'hui président de la Conférence sur la sécurité de Munich, a exprimé une opinion similaire, soulignant qu'une réponse classique à base d'expulsion de diplomates ne suffirait pas.
"Si nous voulons adresser avec nos partenaires un message clair à Moscou, les relations économiques doivent être au programme et cela signifie que le projet Nord Stream 2 ne doit pas être mis de côté", a-t-il dit.
Pour autant, Ischinger ne demande pas un boycott total. "Nous ne pouvons pas ériger un mur entre l'Occident et la Russie, ce serait aller trop loin, mais il y a un juste milieu, entre les mouvements diplomatiques et un boycott total", a-t-il dit.
Sadly, the deep concerns about #Russia I expressed a few days ago in @derspiegel-interview have now been reenforced. Mutual trust, built up over long years,has evaporated. How is any -selective - cooperation possible, in the absence of trust? Can EU-and NATO-speak with one voice? https://t.co/jYQguIToGE
— Wolfgang Ischinger (@ischinger) September 2, 2020Moscou réfute les accusations
La Russie, par le biais de son ministère des Affaires étrangères, a réfuté les accusations allemandes, affirmant que Berlin ne disposait d'aucun élément probant et déplorant que l'Allemagne n'ait pas coopéré avec elle. La France et l'Union européenne ont en revanche suivi les accusations de Berlin, condamnant l'empoisonnement et parlant d'une atteinte au droit international.
Les annonces allemandes ont également suscité de vives réactions aux États-Unis où la Maison Blanche a jugé l'empoisonnement de Navalny "absolument condamnable".
Avec Reuters