
Une véritable course contre la montre a commencé, en France, pour les Britanniques qui veulent rentrer au pays avant la mise en place des mesures de quarantaine prévue samedi 15 août pour les voyageurs en provenance de France. Reportage auprès des passagers de l'Eurostar à la gare du Nord à Paris.
L'annonce, tard dans la soirée du jeudi 13 août, d'une quarantaine obligatoire pour les voyageurs arrivant de France, et l'explosion du prix des billets de train et d'avion qui a suivi n'auront pas eu raison du légendaire flegme britannique.
À quelques heures de l'entrée en vigueur de cette quarantaine à l'arrivée au Royaume-Uni mise en place pour lutter contre la propagation de l'épidémie de Covid-19, il n'y avait, vendredi, aucune cohue ni bousculade à l'embarquement de l'Eurostar à la gare du Nord de Paris.
De nombreux Britanniques ont pourtant dû se tirer de la torpeur estivale et avancer leur date de voyage pour rentrer avant 4 heures du matin le 15 août. C'est la date limite fatidique après laquelle les voyageurs originaires de France, mais aussi des Pays-Bas, de Monaco, et de Malte devront s'auto-isoler pendant 14 jours après leur arrivée sur le sol britannique.
David Samuel a ainsi démarré son long voyage de retour à l'aube depuis la ville d'Aix-en-Provence, dans le sud de la France, à 730 km de Paris, où il passait ses vacances.
"Je devais absolument rentrer avant la quarantaine pour ne pas me retrouver limité dans mes déplacements. Impossible d'aller à l'extérieur, de travailler, de voir ses amis ou sa famille, de faire du sport... Ça serait vraiment trop gênant", explique l'analyste financier à France 24 avant d'embarquer pour l'Eurostar de 13 h 13.
Flambée du prix des billets
Deux types de passagers se pressent au poste frontière installé au premier étage de la gare du Nord : ceux qui avaient prévu de voyager de longue date ce 14 août, qui ont la sensation d'avoir gagné au loto, et ceux qui ont dû acheter un billet de dernière minute.
Pour ces derniers, l'addition est salée. David Samuel a ainsi payé son billet d'Eurostar 240 euros, auquel il a dû ajouter un voyage en TGV Aix-Paris de dernière minute à 80 euros. C'est toujours moins cher que les vols vers le Royaume-Uni, dont les prix ont également explosé avec des tarifs à 500 euros.
Plusieurs passagers qui avaient déjà des billets Eurostar ont avancé leur date de voyage. Contrairement aux billets SNCF, qui sont échangeables sans frais jusqu'au 31 août du fait de la crise sanitaire, les passagers Eurostar doivent payer pour modifier leur date de voyage.
C'est le cas notamment de Sophie Holmes, une enseignante franco-britannique qui rendait visite à ses grands-parents à Orléans, à 130 km au sud de Paris, quand elle a appris la mise en place de la quarantaine.
"Initialement, je devais rentrer le samedi 22 août mais j'avais entendu parler de la possibilité d'une quarantaine et j'avais donc déjà modifié mes billets pour prendre l'Eurostar le 15 août", explique la jeune femme à France 24.
"J'ai donc dû changer mes billets une seconde fois en urgence. Ce matin, j'ai fait mes bagages et je suis partie en 30 minutes. La quarantaine est peut-être justifiée mais ils auraient dû donner plus de temps pour que les gens qui doivent travailler puissent planifier leur retour et éviter les deux semaines d'isolement", ajoute Sophie Holmes.
Une quarantaine pour effacer les errements du passé ?
La mise en place d'une quarantaine de tous les passagers en provenance de France n'était pas inattendue. Une mesure similaire avait déjà été imposée par Londres sur les voyageurs en provenance d'Espagne depuis le 26 juin, et de Belgique depuis le 8 août. Londres fonde sa décision sur les dernières données sanitaires, selon lesquelles il y a eu une hausse de 66 % des nouveaux cas de Covid-19 en France dans la semaine du 7 au 13 août.
Mais le fait que l'annonce ait été faite tard dans la soirée est la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour James Auger, un Britannique qui vit à Paris et doit absolument se rendre à Londres ce week-end.
"Cette annonce à 23 heures est une tactique étrange du gouvernement pour rendre plus difficile l'organisation des gens qui veulent rentrer avant la quarantaine", affirme le père de famille accompagné de ses deux enfants.
"Si le gouvernement avait pris au sérieux le coronavirus dès le début en mars, on n'aurait pas eu ce nombre de morts [41 000 morts officiellement, NDLR] ni cette récession massive. Et maintenant, ils surréagissent pour faire oublier le fait qu'ils sont incompétents", ajoute James Auger, qui a prévu de revenir en France dans quelques jours.
Des plans qui pourraient être encore compliqués par la menace française d'imposer une quarantaine aux personnes venant du Royaume-Uni par mesure de représailles.
Une décision britannique que nous regrettons et qui entraînera une mesure de réciprocité, en espérant un retour à la normale le plus rapidement possible @Djebbari_JB https://t.co/6pA0qDQun6
— Clement Beaune (@CBeaune) August 13, 2020