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Des salariés en grève retiennent leur patron dans une usine du Loiret

Les salariés de l'usine Rohm and Haas de Semoy (Loiret), promise à la fermeture, retiennent leur directeur depuis lundi soir. Les discussions achoppent sur le montant de la prime de licenciement qui doit être attribuée.

Négociations sous pression dans l’usine Rohm and Haas de Semoy (Loiret), spécialisée dans la fabrication d’adhésifs. Alors que la direction américaine a annoncé à la mi-juillet la fermeture du site et la suppression d’une centaine d’emplois, les salariés de Semoy retiennent depuis lundi soir leur directeur, Christian Siest. Leurs revendications portent sur le montant de la prime de licenciement qui doit être attribuée aux employés.

Mardi midi, le directeur était toujours retenu sur le site après y avoir passé la nuit en compagnie d’une vingtaine d’employés. "Il peut sortir de son bureau, aller où il veut, mais il ne peut quitter le site", indiquait, lundi soir, Martine Filippini, secrétaire du comité d’entreprise.

La situation pourrait se débloquer dans la journée, au cours d’une réunion prévue à 16 heures (GMT+2) au siège parisien de Rohm and Has, où salariés et direction doivent de nouveau discuter de la prime de licenciement. Christian Herpin, délégué syndical CFDT, doute toutefois que les salariés soient au rendez-vous. "La direction exige la fin de l’occupation du site, qu’on relâche le directeur et qu’on reprenne le travail !" détaille le syndicaliste, joint par france24.com sur le site de Semoy, alors que les salariés entendent avant tout boucler les négociations avant de lever la grève et de relâcher leur patron.

"Le mouvement a été lancé spontanément par les salariés du site", précise Pedro Vaca, secrétaire régional Chimie-Energie pour la CFDT. Une manière de dire que le syndicat, s’il déplore la séquestration, comprend la réaction de salariés motivés par l’absence de "responsabilité sociale" dans l’entreprise.

"On ne demande pas 100 000 euros !"

Il faut dire que le conflit social chez Rohm and Haas ne date pas d’hier. L’Américain Dow Chemical avait racheté le groupe il y a six mois, avec l’objectif de "rassembler le meilleur de la science et des capacités humaines" dans les domaines de l’eau ou de l’alimentation, de "devenir une référence en termes de développement durable" et de garantir que "chacun de nos salariés rentre du travail sain et sauf, jour après jour", comme l’indiquait alors un communiqué du groupe.

Mais en juillet dernier, la direction de Dow Chemical a annoncé un plan de délocalisation et de restructuration des sites français de Rohm and Haas : environ 200 suppressions de postes sur quatre sites, et la fermeture de celui de Semoy (97 employés). Les salariés avaient alors choisi d’occuper leur usine deux semaines au cœur de l’été, avec pour revendication principale un investissement sur le site pour éviter sa fermeture.

Maintenant qu’il y a peu d’espoir que l’usine bénéficie d’une aide - même si, précisent les salariés, le groupe Dow Chemical fait de très importants bénéfices - c’est le versement d’une prime de licenciement qui est au cœur des négociations. Une prime dont le montant reste à décider. Contrairement à ce qui a souvent été dit : "On ne demande pas 100 000 euros par personne, se défend Christian Herpin. On veut qu’ils quantifient la prime, le préjudice subi pour la perte des emplois, et on attend leur proposition."

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