
Le secrétaire américain à la Santé, Alex Azar, a rencontré lundi à Taïwan la présidente de l'île, Tsai Ing-wen. Depuis quatre décennies, jamais un responsable américain de si haut rang ne s'était rendu à Taïwan dans le cadre d'une visite officielle.
La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a reçu lundi 10 août le secrétaire américain à la Santé, Alex Azar, arrivé la veille sur l'île pour une visite sans précédent depuis plus de quarante ans et qui a été condamnée par Pékin.
Alex Azar est le responsable américain de plus haut rang à se rendre à Taïwan depuis 1979, année où les États-Unis avaient rompu leurs relations diplomatiques avec Taipei, capitale de l'île, afin de reconnaître le gouvernement communiste basé à Pékin comme le seul représentant de la Chine.
Washington reste toutefois, avec une certaine ambiguïté, l'allié le plus puissant du territoire insulaire et son principal fournisseur d'armes.
La visite de trois jours d'Alex Azar intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Washington et Pékin, qui s'opposent sur une série de sujets, du dossier hongkongais aux questions commerciales, en passant par les responsabilités dans la pandémie de nouveau coronavirus.
Lundi, le secrétaire à la Santé à rencontré Tsai Ing-wen, bête noire de la Chine qui l'accuse de rechercher l'indépendance formelle de l'île de 23 millions d'habitants.
Une gestion de l'épidémie de Covid-19 "efficace"
"La réaction de Taïwan au Covid-19 a été parmi celles qui ont été les plus efficaces au monde, et cela reflète la nature ouverte, transparente, démocratique de la société et de la culture de Taïwan", a déclaré Alex Azar à la présidente taïwanaise lors de leur entretien.
Wheels down in Taipei. Our @HHSGov delegation disembarked wearing masks and tested negative for COVID-19.
Honored to be here to convey our support for #Taiwan and their global health leadership. pic.twitter.com/Kwqh2uefhc
Tsai Ing-wen a remercié les États-Unis d'avoir soutenu ses efforts pour que Taïwan soit admis en tant qu'observateur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que Pékin a obtenu d'exclure Taïwan de l'agence onusienne.
"Des considérations politiques ne devraient jamais prendre le pas sur les droits à la santé", a déclaré Tsai Ing-wen, jugeant "hautement regrettable" le refus de Pékin de laisser Taïwan être admis à l'OMS.
La République populaire de Chine considère Taïwan comme une de ses provinces. L'île est dirigée par un régime rival qui s'y était réfugié après la prise du pouvoir des communistes sur le continent en 1949, à l'issue de la guerre civile chinoise.
Taïwan n'est pas reconnu comme un État indépendant par l'ONU. Et Pékin menace de recourir à la force en cas de proclamation formelle d'indépendance à Taipei ou d'intervention extérieure, notamment de Washington.
Il y a quelques jours, le gouvernement chinois a présenté la visite d'Alex Azar comme une menace pour "la paix et la stabilité".
Des "valeurs communes" entre Taïwan et les États-Unis
Le responsable américain a balayé lundi ces critiques. "Le message du gouvernement américain que je porte consiste à réaffirmer le partenariat profond qui unit les États-Unis et Taïwan en matière de sécurité, de commerce, de santé et nos valeurs communes que sont la démocratie, la liberté économique et la liberté", a-t-il dit aux journalistes avant de rencontrer la présidente.
Had a productive meeting with @SecAzar & the @HHSGov delegation. Thank you to @POTUS and @SecPompeo for supporting the #TaiwanModel & our international participation. Working together, we can prove that democracy is the best system to overcome global challenges. pic.twitter.com/8qztU4ClOK
— 蔡英文 Tsai Ing-wen (@iingwen) August 10, 2020Alex Azar s'était montré critique de l'attitude de la Chine face à une pandémie apparue sur son sol, et sur celle de l'OMS. Une position qu'il a de nouveau tenue lundi. Taïwan "a su dès le début (...) qu'il ne fallait pas faire confiance aux affirmations provenant de là (Pékin, NDLR) et aux validations faites par l'Organisation mondiale de la santé", a-t-il dit.
Alex Azar doit aussi rencontrer son homologue, Chen Shih-chung, et le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu.
Taïwan est un des territoires qui a le mieux géré la crise du nouveau coronavirus. En dépit de sa proximité géographique et commerciale avec la Chine continentale d'où est partie l'épidémie, Taïwan a enregistré moins de 500 cas de coronavirus et seulement sept décès.
Les États-Unis, de leur côté, sont le pays où l'épidémie de Covid-19 a fait le plus de morts, soit plus de 160 000 décès.
Dans ce contexte, les détracteurs du président américain Donald Trump l'accusent de durcir le ton contre Pékin pour mieux faire oublier les errements de son administration dans le combat contre le Covid-19, à trois mois de la présidentielle.
Avec AFP et Reuters