
Pilotes et équipages de cabine ont manifesté à Bruxelles et dans 22 aéroports européens pour réclamer un allègement de leurs cadences de travail qu'une récente étude scientifique juge dangereuse pour la sécurité à bord des avions.
AFP - Les pilotes et les équipages de cabine participaient lundi à une journée d'action européenne pour réclamer un allègement de leurs cadences de travail, jugées dangereuses pour la sécurité par une étude scientifique, ont-ils expliqué à Bruxelles.
Quelque 100.000 fausses cartes d'embarquement ont été distribuées dans vingt-deux aéroports de l'UE, ainsi qu'aux abords du siège des institutions européennes à Bruxelles, stipulant que "la recherche scientifique montre que la loi européenne consacrée à la fatigue peut mettre les vies des passagers en danger".
"La fatigue des pilotes est considérée comme un élément contribuant à 15-20% des accidents aériens mortels", a expliqué lundi devant la presse Martin Chalk, président de l'ECA (Euro cockpit association).
L'enquête sur un accident d'avion qui a fait cinquante morts en février près de Buffalo (Etats-Unis) a conclu que la fatigue était un facteur "important" dans les causes de la catastrophe, ce qui va entraîner une modernisation des règles de vol aux Etats-Unis, note-t-il.
Pour ce pilote en exercice de Boeing 747, les effets de la fatigue sont aussi nocifs que ceux de la consommation excessive d'alcool, mais ils restent plus difficiles à mesurer.
Inger-Helene Enger, présidente de la section des équipages de cabine au sein de l'ETF (Fédération européenne des travailleurs des transports), rappelle aussi qu'hôtesses de l'air et stewards "font partie intégrante de l'équipe de sécurité à bord des avions".
Elle évoque un autre accident aux Etats-Unis, au cours duquel le sas d'entrée avait été arraché en vol. Une hôtesse fatiguée avait oublié de fermer la porte, après 14h30 de travail et 5 heures de sommeil.
Un règlement européen, entré en vigueur en 2008, stipule que les pilotes peuvent travailler jusqu'à 14 heures d'affilée et les hôtesses de l'air jusqu'à 15 heures. Une période qui tombe à 11,45 heures pour les vols de nuit.
Mais il y a un an, un rapport scientifique, réalisé à la demande même des institutions européennes, a recommandé d'abaisser ces seuils à respectivement 13 et 10 heures maximum.
Les syndicats de pilotes et d'équipages de cabine dénoncent l'inaction depuis lors de la Commission européenne, même si cette dernière soulignait lundi que le dossier était à ses yeux "prioritaire".
Ils sont également très inquiets face aux projets de l'EASA, l'agence reponsable en Europe pour les règles de sécurité aérienne, dont les prérogatives ont été renforcées.
L'agence prépare de nouvelles règles à l'horizon 2012 sur la fatigue du personnel de bord qui ne tiennent pas compte de la dernière étude scientifique et pourraient impliquer un abaissement de normes dans les pays les plus vertueux comme le Royaume-Uni, critiquent-ils.
Pour Martin Chalk et Inger-Helene Enger, la pression a été très forte de la part de compagnies aériennes "plus préoccupées par les coûts" que par les règles de sécurité.
A l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, une soixantaine de pilotes distribuaient lundi des fausses cartes d'embarquement aux passagers pour faire entendre leur voix. "Nous n'acceptons pas de devoir travailler jusqu'à douze heures de nuit", a expliqué Frans Botman, représentant du syndicat néerlandais des pilotes de ligne (VNV).