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Des Omeyyades à l’empire ottoman, les chefs d’œuvre de l’art islamique

De l’expansion de l’empire des Omeyyades au VIIe siècle, jusqu’à la chute des Ottomans au début du XXe siècle, les artistes et artisans musulmans ont fabriqué des pièces d’arts qui ont circulé à travers le monde. Des frontières de la Chine au Maroc, de l’Espagne à l’Égypte mamelouk et la Syrie, en passant par les palais des rois de France, ces œuvres ont orné des lieux de culte, des cours royales et les maisons de la noblesse. Ce documentaire est une invitation à la découverte des trésors des arts de l’Islam préservés dans les collections du Louvre à Paris et du Metropolitan Museum of Art (MET) de New York.

Dans des musées de renommée internationale comme le Louvre à Paris et le MET à New-York, les collections des "arts de l’Islam" donnent à voir la richesse des techniques et des matériaux utilisés par les artisans, qui vivaient dans les empires islamiques. De l’Asie à l’Afrique et l’Europe, ils ont repensé les arts antéislamiques pour dégager une nouvelle esthétique.

Ces collections sont aujourd’hui le témoin matériel d’une civilisation qui n’est pas si étrange à l’Occident. Contrairement à une idée reçue, les arts islamiques ne sont pas religieux. Ils attestent d’un métissage étonnant des cultures et des civilisations depuis l’antiquité.

Arts et science

L’interdiction de l’usage des figures humaines à l’intérieur des édifices religieux et la centralité de la langue arabe dans la culture émergente ont donné naissance pendant le règne de la dynastie omeyyade à l’art de la calligraphie. Les mosquées sont le témoin d’une rencontre exceptionnelle entre des chefs d’œuvres de la mosaïque et du feuillage, empruntés aux mondes grec et romain, et une maîtrise incontestable de la géométrie dans les écritures. 

Les bâtisses dans les grandes villes du monde sont la preuve de la richesse de ces cités, mais aussi d’une production artistique abondante. Les grandes Mosquées ommeyades à Damas et Cordoue, le Taj Mahal en Inde et Ispahan, "la ville bleue" en Iran, sont le témoignage d’une richesse artistique qui nécessitait la collaboration de plusieurs artistes venus de différentes disciplines : artisans verriers, de lustres, orfèvres, tapissiers…etc, qui utilisaient des matières nobles comme les jades, le marbre, l'ébène, le bois de rose africain et l’or. Autant de traces des différents courants d’art qui ont marqué les dynasties successives.

Cette esthétique est la preuve également d’un dialogue permanent entre les arts et la science. L’astrolabe, utilisé par les marins et les scientifiques pour connaître la position des planètes et les étoiles, ou encore le manuscrit traduit du livre de médecine "De Materia Medica", à Bagdad au IXe siècle, avec tant d’autres objets, nous font découvrir une culture qui a donné une place centrale à la connaissance scientifique.

Depuis le califat abbasside, qui a lancé un grand mouvement de traduction, les artistes et scientifiques vivant dans les terres d’Islam, ont légué de très beaux manuscrits, mais surtout une connaissance scientifique abondante qui a été transmise à l’Occident.

L’intime étranger

Si l’art architectural lié à l’espace de la mosquée a emprunté une esthétique basée sur la calligraphie, les fleurs, les couleurs et la géométrie, les autres lieux comme les palais, les maisons des notables, ou encore les objets de décoration et les livres ont accueilli la figuration des humains et des animaux.

Le lion de Monzón, qui se trouve dans les collections du Louvre, vient d’Al-Andalus (en Espagne) et servait comme bouche de fontaine en bronze moulé. Il a été fabriqué entre le XIIe et le XIIIe siècle. Au MET de New York, nous découvrons un panneau de tuiles iranien (XVIIe), qui représente une femme servant du vin à un Européen. Preuve d’une liberté de ton qui fut présente dans les arts islamiques notamment dans les livres illustrés comme le poème épique "Shâhnâmeh" (le livre des rois), écrit au début du XIe siècle par Ferdowsi, ou "Jami al-tawarikh" (XIVe) de Rashid al-Din qui n’hésite pas à représenter en dessin le "prophète" Jonas et un ange avec des traits mongols.  

Ces objets ont voyagé dans les géographies et les époques. Ainsi, certaines techniques ont été aussi transmises à l’Occident comme la verrerie en Italie, ou l’architecture en Espagne. Les objets fabriqués par les artisans musulmans furent utilisés par les Européens, même pour des rites religieux, comme c'est le cas du baptistère de Saint Louis. Fabriqué en Égypte mamelouk, il fut probablement importé pendant le règne de Louis IX (XIIIe), selon le Louvre. Il a servi pour le baptême de plusieurs rois de France dont Louis XIII et pour celui du prince Napoléon-Eugène, fils de Napoléon III en 1856.

Le voyage des objets dits "d’arts de l’Islam" en Occident est la preuve d’un rapport intime entre les deux cultures selon les curateurs des musées qui abritent des milliers d’objets qualifiés "d’art islamique", mais qui sont aussi un héritage de l’Humanité.