logo

Russie : l'historien Iouri Dmitriev condamné à trois ans et demi de prison pour "violences sexuelles"

Iouri Dmitriev, historien russe spécialiste de la répression sous Staline, a été condamné mercredi à trois ans et demi d'emprisonnement pour "violences à caractère sexuel". Ce verdict est rejeté par ses partisans : ils dénoncent une attaque envers le travail de Iouri Dmitriev qui porte sur des sujets sensibles en Russie. 

L'historien russe Iouri Dmitriev, connu pour ses recherches sur les répressions staliniennes, a été condamné mercredi 22 juillet à trois ans et demi de prison au terme d'un procès controversé pour "violences sexuelles", a annoncé son avocat, Viktor Anoufriev.

Celui-ci a indiqué aux journalistes que le tribunal de Pétrozavodsk (nord-ouest de la Russie), avait reconnu son client coupable de "violences à caractère sexuel" sur sa fille adoptive et l'avait condamné à "trois ans et demi de colonie pénitentiaire".

Une possible libération en novembre 

Après avoir déjà passé plusieurs années en détention préventive, "il lui reste donc trois mois et demi de prison [à effectuer]", a poursuivi l'avocat en évoquant une possible libération en novembre. Le Parquet avait requis quinze ans de prison contre l'historien.

Cette décision a été accueillie par des applaudissements de la part des soutiens de Iouri Dmitriev, 64 ans, réunis devant le tribunal de Pétrozavodsk.

Membre de l'ONG Mémorial, spécialisée dans la documentation des crimes soviétiques, Iouri Dmitriev rejette ces accusations qui, selon selon ses partisans, visent son travail sur des sujets sensibles allant à contre-courant du discours officiel sur la réhabilitation de la période soviétique.

"Il sait qu'il n'est pas coupable", estime l'avocat de Iouri Dmitriev

"Iouri [Dmitriev] a réagi très positivement à ce verdict. C'est une personne très résistante, il sait qu'il n'est pas coupable", a affirmé son avocat.

Iouri Dmitriev avait été arrêté une première fois en 2016, accusé d'avoir réalisé des images "pornographiques" de sa fille adoptive, puis il avait été acquitté en avril 2018, un fait extrêmement rare dans le système judiciaire russe. 

Mais la Cour suprême de Carélie avait cassé cette décision deux mois plus tard et ordonné un deuxième procès, cette fois pour "violences à caractère sexuel sur un mineur".

Iouri Dmitriev notamment a passé près de trente ans à dresser la liste de 40 000 noms de personnes déportées ou exécutées sous Staline en Carélie, une région russe frontalière de la Finlande. Il a été à l'origine de la découverte de l'un des plus grands charniers de Carélie, à Sandarmokh, où les restes de 7 000 à 9 000 personnes ont été retrouvés.

Avec AFP