Le général Philippe Rondot, spécialiste du renseignement, s'apprête à affronter, ce lundi, la défense de Dominique de Villepin dans le procès Clearstream. Son témoignage devrait éclaircir la justice sur l'origine de la manipulation.
Le procès Clearstream arrive à un tournant, ce lundi, avec l’audition de l'un des témoins-clés de l’affaire, le général Rondot. Les désormais célèbres carnets du militaire constituent un élément à charge contre l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, soupçonné d’avoir participé à une machination contre Nicolas Sarkozy.
Il est écrit dans ces carnets que la question d’un compte appartenant à l’actuel président de la République a été abordée lors d’une réunion en janvier 2004 dans le bureau de Dominique de Villepin. Or ce dernier a toujours nié avoir eu connaissance de la présence du nom de son adversaire politique sur ces listings.
Autre note gênante pour l’ancien Premier ministre, celle du 19 juillet 2004, quand le général lui fait dire : "Si nous apparaissons le PR (président de la République, ndlr) et moi, nous sautons." Mercredi dernier, lors de son audition, Dominique de Villepin a affirmé que la citation rapportée n’était pas de lui mais de Nicolas Sarkozy.
Un brillant espion
Le témoignage du général, qui fête ses 73 ans ce lundi, pourrait ainsi s’avérer être l’un des plus embarrassants pour l’ancien Premier ministre, qui n’a eu de cesse de minimiser la portée des écrits de son ancien collègue.
A l'époque des faits, en 2003-2004, le général Rondot était un conseiller du ministre de la Défense pour le renseignement et les opérations spéciales. C’est à ce titre qu’il a été chargé d’enquêter sur les listings Clearstream pour le compte du ministère de la Défense, mais aussi pour celui de Dominique de Villepin, alors ministre de l’Intérieur. Brillant espion s’étant illustré dans plusieurs missions au Moyen-Orient, il a consigné l’ensemble de ses investigations dans ses carnets, retrouvés lors d’une perquisition à son domicile de Meudon, en région parisienne.
L’audition du général devrait également aider les juges à distinguer le vrai du faux dans les versions contradictoires défendues depuis le début du procès par deux autres prévenus, l'ancien vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin, et le mathématicien Imad Lahoud.