
Les concertations sur la réforme des retraites n'auront pas lieu dans l'immédiat : Jean Castex a en effet proposé vendredi aux partenaires sociaux de reprendre les discussions plus tard, "dans les mois à venir". S'il a déclaré que la réforme serait "maintenue", il a aussi promis d'appliquer "une nouvelle méthode", annonçant également le report de l'application de la réforme de l'assurance-chômage.
Il souhaitait régler le dossier des retraites "à court terme". Finalement, Jean Castex a proposé vendredi 17 juillet de repousser les négociations sur la réforme des retraites, "en reprenant la concertation dans les mois à venir".
Le Premier ministre a en effet réaffirmé que la réforme des retraites serait "maintenue", mais a promis "une nouvelle méthode", au sortir d'une réunion avec les partenaires sociaux à Matignon, en distinguant notamment le "caractère structurel" et le volet financier.
"L'instauration d'un nouveau régime de retraite universel sur lequel le président de la République s'est engagé en 2017 devant le peuple français sera maintenue. Simplement, comme je l'ai indiqué aux partenaires sociaux, nous lui appliquerons une nouvelle méthode", en distinguant le "caractère structurel" de la réforme "qui vise à plus de justice "et son volet financier, [et] en reprenant la concertation dans les mois à venir", a indiqué le Premier ministre.
"Une bonne réforme", juge Castex sur l'assurance-chômage
Le Premier ministre a aussi annoncé que la date d'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance-chômage serait "décalée", en raison de la crise sanitaire et économique, mais qu'elle serait menée à son "terme".
"La réforme de l'assurance-chômage est une bonne réforme et nous la mènerons à terme. Mais nous avons, parce que nous sommes pragmatiques, décidé de l'adapter aux circonstances présentes et donc d'en décaler la date d'entrée en vigueur", a déclaré le chef du gouvernement dans la cour de Matignon à l'issue de la réunion avec les partenaires sociaux.
Au sujet de cette réforme, le chef du gouvernement a également décidé de suspendre au moins jusqu'à l'année prochaine les mesures qui avaient été introduites au 1er novembre 2019, assouplissant ainsi les conditions d'entrée dans le régime, ont précisé les secrétaires généraux de Force ouvrière, de la CFDT, de la CGT et de la CFE-CGC.
Il suffira donc, pour ouvrir des droits au régime d'assurance-chômage, d'avoir travaillé quatre mois sur les 28 derniers mois et non plus six mois sur les 24 derniers mois, comme le prévouait la réforme.
L'exécutif a cependant appelé "à ne pas mettre la poussière sous le tapis et à prendre nos responsabilités en ce qui concerne le système actuel", qui devrait être en fort déficit à la fin de l'année, a déclaré François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
Des décisions saluées par les syndicats
"Nous continuons de croire qu'un système universel est plus juste, mais la priorité n'est pas celle-ci aujourd'hui", a souligné le patron de la CFDT, Laurent Berger. Le Premier ministre, Jean Castex, "a dit que c'était repoussé à des discussions plutôt en 2021", a-t-il confirmé.
"Ça correspond à notre volonté de ne pas faire du sujet des retraites un sujet de l'été et de l'automne, mais plutôt de se laisser le temps du diagnostic pour voir d'abord comment on aura été capable de répondre ou non aux enjeux de lutte contre le chômage, de maintien de l'emploi, de lutte contre la paupérisation, avec une priorité mise en direction des jeunes", a encore salué Laurent Berger, estimant que "la priorité est placée au bon endroit en matière d'objectifs et de calendrier, à savoir l'emploi, l'emploi, l'emploi".
"[Le Premier ministre] nous a rassurés sur le fait qu'il faudrait faire la distinction entre ce qui est du domaine du conjoncturel et ce qui est du structurel [sachant qu'après la crise du coronavirus] les schémas d'équilibre [financier] ne sont plus les mêmes", a précisé François Asselin de la CPME.
Dans cette perspective, Jean Castex a annoncé aux participants qu'il saisirait de nouveau le Conseil d'orientation des retraites (COR), afin d'évaluer la situation financière des régimes actuels. Selon une estimation provisoire du COR dévoilée en juin, le déficit pourrait approcher les 30 milliards d'euros cette année.
Les partenaires sociaux demandaient unanimement le report, si ce n'est pour certains l'abandon total, de la réforme des retraites, suspendue sine die par l'épidémie de coronavirus.
Jean Castex avait initialement indiqué vouloir reprendre les concertations afin de régler le dossier "à court terme". Il avait aussi assuré vouloir distinguer "très clairement" la refonte du système actuel "de toute mesure financière", comme l'allongement de la durée de cotisation, prise pour combler les déficits.
Avec AFP et Reuters