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Canicule : comment rafraîchir la ville ?

Les canicules font désormais plus de victimes plus que n’importe quel autre désastre naturel. Tueuse silencieuse, la chaleur est particulièrement difficile à supporter en ville : le réchauffement climatique y est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale. Bâtiments, transports, pollution et peu d’arbres créent des "îlots de chaleur urbaine", où il fait 3 à 8° de plus qu’à la campagne. 

Alors pour se protéger, les citadins se tournent de plus en plus vers la climatisation. Mais elle crée un cercle vicieux en réchauffant l’atmosphère. Un effet mesuré par Brice Tréméac au Laboratoire du froid du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) : "Nous avons mis en évidence que la climatisation peut avoir un impact sur l’élévation de température de la ville. À Paris par exemple, on a des zones, notamment autour de Montparnasse ou de l’Etoile, où cette élévation est de l’ordre de 2°C."

Les arbres, ces climatiseurs naturels

Comment sortir de ce piège ? Végétaliser est la solution que les villes adoptent ces dernières années.

À Aubervilliers notamment, une "tierce forêt" a été créée sur un ancien parking. Soixante-dix arbres y ont été plantés pour former un écosystème forestier. L'architecte Andrej Bernik nous explique comment ces derniers font office de climatiseurs naturels : "Les arbres rafraîchissent l’air de deux façons : d’une part, ils font de l’ombre. D’autre part, ils puisent de l’eau dans le sol et la font évaporer par les feuilles. Quand l’eau s'évapore, c'est-à-dire quand elle change de l’état liquide à la vapeur, cela consomme de l’énergie et entraîne une baisse de température, selon le même principe qu’un brumisateur."  

Selon les premiers résultats mesurés par une station météo sur le site, la température y a baissé d’environ 2°C.

"Une méthode vieille comme le monde"

Ce n’est pas un hasard si les bâtiments du sud de l’Espagne ou de Grèce sont blancs : ils reflètent la chaleur. Une technique appliquée sur les toits par la société Cool Roof (littéralement "toits frais"). À Provins, Daniel Simon applique une résine blanche sur un toit en bitume noir, qui peut atteindre une température de fusion lors des pics caniculaires. "Si j’avais à expliquer mon métier à mon fils de 10 ans, je lui expliquerais que papa va sur des toits de supermarché, pour mettre une sorte de crème solaire sur le toit du supermarché, pour que le supermarché ne souffre pas des excès de soleil l’été."

Une méthode particulièrement intéressante pour l’entreprise Picard, roi du surgelé. Des dizaines de congélateurs tournent en permanence à plein régime dans ses magasins. "Ils émettent ce qu’on appelle une chaleur fatale", indique Gérald Townsend, Responsable Développement durable de l’enseigne. "Cela fait monter le magasin en température et oblige la climatisation à prendre le relai pour garder la température optimale. Toute solution qui va nous permettre de diminuer l’apport de chaleur à l’intérieur du magasin nous intéresse." 

Avec son pistolet à peinture, Daniel Simon peut couvrir 10 000 m2 dans la journée. Une solution rapide et peu chère, qui vient en complément de la végétalisation pour de vastes surfaces planes. "La peinture va refléter 95 % de la lumière du soleil, qui ne va donc plus se transformer en chaleur, mais va être ré-émise dans l’atmosphère, de là d’où elle vient", assure-t-il.