logo

Andrzej Duda, un ultra conservateur et anti-LGBT réélu à la tête de la Pologne

Les Polonais ont désigné dimanche le candidat sortant nationaliste et conservateur, Andrzej Duda à la présidence de la Pologne. Il affiche son euroscepticisme et condamne "l'idéologie LGBT". Portrait. 

Teint halé, silhouette sportive, le chef de l'État polonais sortant, Andrzej Duda, qui a obtenu sa réélection au second tour du scrutin présidentiel affichait un large sourire, dimanche 12 juillet devant ses supporters.  

Homme clé du parti conservateur nationaliste au pouvoir [parti Droit et Justice (PiS)], il a remporté de peu la victoire face au maire de Varsovie, l'europhile et libéral Rafal Trzaskowski, à l’issue d’une campagne à couteaux tirés. Il doit notamment sa victoire sur le fil au précieux soutien du gouvernement et des médias publics contrôlés par le pouvoir.  

Protestations 

Originaire de Cracovie, issu d'une famille de professeurs à l'Académie des mines, enfant de chœur et boy-scout dans son enfance, bon skieur, Andrzej Duda est marié à une enseignante d'allemand, Agata, et père d'une fille. 

Revendiquant sa foi catholique, il prône des valeurs traditionnelles et se déclare favorable au durcissement de la loi anti-avortement, déjà parmi les plus restrictives en Europe et condamne avec fermeté la fécondation in-vitro et "l'idéologie LGBT" qui est pour lui "plus destructrice que le communisme". Cette dernière déclaration a provoqué des protestations en Pologne et à l'étranger, tout comme ses attaques contre des médias étrangers et indépendants. Il ne s’est jamais ouvertement déclaré eurosceptique, mais a traité l'Union européenne de "communauté imaginaire dont on a peu à tirer". 

"L'ami" polonais  

Mais ce juriste conservateur âgé de 48 ans s’avère surtout être un homme-lige du parti Droit et Justice (PiS). "C'est un homme du parti, qui exécute ses ordres", déclare à l'AFP le politologue Stanislaw Mocek, recteur de l'université Collegium Civitas de Varsovie. 

Élu pour son premier mandat en 2015, le président sortant a rarement contredit les initiatives du parti de Jaroslaw Kaczynski [président du Conseil de 2006 à 2007], souscrivant pleinement à sa politique de généreux transferts sociaux accompagnée d'une mise à l'épreuve de l'État de droit. Duda a en effet appuyé une longue série d'avantages sociaux promus et introduits par le PiS, notamment l'abaissement de 67 à 65 ans de l'âge de la retraite et la distribution d'une une allocation mensuelle de 500 zlotys (soit 110 euros) pour chaque enfant. 

Diplômé de droit en 1996 de l'université Jagellonne de Cracovie, dans le Sud de la Pologne, Andrzej Duda se rapproche du PiS vers 2005, au moment où la formation de Jaroslaw Kaczynski monte son premier gouvernement. Le pouvoir du chef du PiS est renforcé alors par celui de son frère jumeau, le président Lech Kaczynski, mort dans une catastrophe aérienne cinq ans plus tard.   

Élu en 2011 député du PiS puis, en 2014, député européen, Andrzej Duda n'est pas vraiment connu du grand public quand Jaroslaw Kaczynski, maître incontesté du PiS, le désigne comme candidat à la présidence de la République. 

Renforcement des liens avec l’Otan 

En politique étrangère, Andrzej Duda œuvre depuis le début de son mandat au renforcement des liens avec l'Otan et les États-Unis. Il a ainsi pu se féliciter les décisions de l'Alliance et de Washington de déployer leurs troupes dans la région en réaction à la politique agressive de Moscou en Ukraine voisine. 

À quatre jours du premier tour du scrutin, Duda a rendu visite au président américain, Donald Trump, qui n'a pas tari d'éloges sur son "ami" polonais, premier dirigeant étranger invité à la Maison Blanche depuis les mesures anti-Covid-19 aux États-Unis. 

Ses adversaires et critiques, en Pologne et à l'étranger, lui reprochent particulièrement son engagement dans la mise au pas du Tribunal constitutionnel et d'autres institutions judiciaires. Cette démarche avait conduit Bruxelles à saisir en 2018 la justice européenne et à déclencher des procédures inédites. 

Avec AFP