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Mali : interventions policières contre l'opposition, fortes tensions à Bamako

Plusieurs figures de l'opposition malienne ont été arrêtées samedi, au lendemain d'une journée de mobilisation émaillée de troubles quasi insurrectionnels qui ont fait quatre morts. Le Premier ministre malien a déclaré vouloir former "très rapidement" un gouvernement d'ouverture.

La menace d'une escalade de la violence continuait à planer sur le Mali, samedi 11 juillet, avec des interventions policières et des arrestations visant l'opposition au lendemain d'une journée de mobilisation marquée par des intrusions violentes au siège de la télévision nationale et du Parlement.

Après Issa Kaou Djim et Clément Dembélé la veille, deux autres leaders du mouvement dit du 5-Juin, Choguel Maïga et Mountaga Tall, ainsi que deux hommes décrits comme des têtes pensantes, Oumara Diarra et Adama Ben Diarra, ont été interpellés par les forces de sécurité, ont affirmé des responsables et des témoins cités par l'AFP.

Les autorités ont gardé le silence sur ces opérations.

Bamako sous haute tension

Au même moment, la ville qui portait encore les stigmates de vendredi demeurait le théâtre de heurts et d'incidents qui y ont maintenu un climat de grande nervosité et d'incertitude quant à l'avenir.

Ces incidents sont allés en s'intensifiant à l'approche de la soirée, des groupes de jeunes continuant à dresser des barrages, à lancer des pierres et à défier les forces de sécurité.

C’est ce qui ressemble la ville de Bamako en ce moment. Des barricades, des scènes de guérilla, des affrontements entre les forces de l’ordre et les jeunes... #CriseSocioPolitique pic.twitter.com/cyKOjhqbFK

— KONATE Malick (@konate90) July 11, 2020

Les forces anti-émeutes montées sur des pick-ups et soutenus par un véhicule blindé ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes quelque 150 jeunes regroupés dans le quartier de Badalabougou aux abords de l'un des trois ponts reliant les deux parties de Bamako de part et d'autre du fleuve Niger, a constaté un journaliste de l'AFP.

Selon l'agence Reuters, une intervention des forces de sécurité a également visé le siège de la CMAS, un mouvement d'opposition dirigé par l'influent imam Mahmoud Dicko, membre de la coalition du 5-Juin.

"Alors que nos militants étaient en réunion, ils sont venus et ont attaqué et saccagé notre quartier général", a déclaré le porte-parole de la coalition, Nouhoum Togo.

#Bamako Ce matin à Faso Kanu, 4 véhicules des forces de sécurité, la Forsat, ont perquisitionné à deux reprises les locaux de la CMAS. Ils cherchaient des armes. Les FDS ont traqué des jeunes à moto. Tirs de fumigènes. Barrages de fortunes érigés. Pneus enflammés. #Mali pic.twitter.com/dA2R6oXk7l

— Olivier Dubois (@LolivDubois) July 11, 2020

Des symboles du pouvoir visés par l'opposition

Ces interventions policières surviennent au lendemain des violentes manifestations contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui ont conduit à l'occupation temporaire des locaux de la télévision publique et du Parlement.

Au moins quatre personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées dans des heurts, selon le Premier ministre Boubou Cissé. Ce dernier a promis samedi de former "très rapidement" un gouvernement d'ouverture.

Le Mali traverse une période de tensions depuis les élections législatives de mars dernier qui aggrave une situation déjà délicate, compte tenu de la présence de jihadistes.

Le président IBK, réélu pour cinq ans en 2018, s'est dit "ouvert" mercredi à la formation d'un gouvernement d'union nationale et à la dissolution de l'Assemblée à condition qu'elle ne provoque pas une nouvelle crise, mais ses opposants ont rejeté ces concessions et réclament sa démission.

Avec AFP et Reuters