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La chancelière allemande Angela Merkel a reçu lundi le président français Emmanuel Macron, à l'aube d'une présidence allemande de l'UE confrontée à une crise sans précédent avec la pandémie de Covid-19. Les deux dirigeants ont renouvelé leur volonté de travailler main dans la main pour convaincre le reste de l'UE sur un accord de relance commun.

Rencontre capitale pour le couple franco-allemand. Angela Merkel a reçu lundi 29 juin Emmanuel Macron à l'aube d'une présidence allemande de l'UE confrontée, avec le coronavirus, à une crise sans précédent dont entend se saisir la chancelière pour peaufiner son héritage européen. À l'issue de leur entretien, le président français et la chancelière allemande ont réaffirmé leur volonté d'arracher un accord de relance commun aux 27 de l'Union européenne.

"Nous sommes arrivés à un moment de vérité pour l'Europe"

"Nous sommes arrivés à un moment de vérité pour l'Europe. Et avec cet engagement franco-allemand résolu, nous pouvons en faire un moment de succès", a déclaré Emmanuel Macron lundi.

Trouver un accord "est notre priorité absolue", a-t-il poursuivi. "Sans cela, l'Europe ne serait pas à la hauteur. Et je crois que cela est possible, dès le mois de juillet."

Angela Merkel a quant à elle souhaité que cet accord soit conclu lors du Conseil européen des 17 et 18 juillet. "Nous espérons que nous pourrons trouver une solution, même s'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir", a-t-elle dit.

Le chef de l'État s'est par ailleurs dit "honoré" d'être le premier dirigeant étranger à rendre visite à la chancelière depuis le début de la crise du coronavirus.

"Quand je regarde la situation, je mesure à quel point les circonstances ont changé en deux ans. Cette crise que personne n'avait prévue nous a tous mis, sur le plan sanitaire et sur le plan économique, à rude épreuve", a-t-il déclaré, évoquant sa visite de juin 2018 au château de Meseberg.

"Mais je mesure aussi et surtout l'ampleur des progrès accomplis par le couple franco-allemand. Jamais nous n'avons lâché, atténué ou négligé ce lien irremplaçable ; jamais", a-t-il souligné.

Le chef de l'État a par ailleurs proposé de "rehausser" les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 et de "faire en sorte que les plans de relance, européen et nationaux, respectent ces objectifs". "À cet égard, il me semble essentiel que l'argent qu'apportera l'Europe aux pays qui font leur transition écologique soit strictement conditionné à des engagements climatiques précis, à commencer par la neutralité carbone en 2050", a-t-il ajouté.  

De multiples chantiers attendent Angela Merkel

Du "Green Deal" de la Commission européenne au Brexit, en passant par la question migratoire ou les relations avec la Chine et les États-Unis, les chantiers ne manqueront pas, à partir du 1er juillet, pour la chancelière allemande. Elle n'avait plus assuré la présidence tournante de l'UE depuis 2007.

Mais c'est l'épidémie de Covid-19 et la crise économique en découlant qui vont constituer la priorité des six prochains mois.

"La pandémie de coronavirus a bouleversé notre monde, tout comme les plans de la présidence allemande", a résumé la chancelière fin mai.

"Nous voulons utiliser cette crise sans précédent pour mettre en route des changements sans précédent dans l'Union européenne", a confirmé lundi le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, devant le Conseil européen des Relations internationales.

"Les premiers réflexes, y compris les nôtres, étaient plutôt nationaux et pas toujours européens", a admis Angela Merkel, qui entend désormais conjurer "le danger qu'un profond fossé continue de s'élargir en Europe".

Un virage de la chancelière ?

Elle mise désormais sur la "solidarité et l'aide mutuelle" entre les 27. Un virage à 180 degrés de la part de la dirigeante allemande, mise en cause pour son intransigeance à l'égard d'une Grèce proche de la banqueroute en 2011.

La chancelière pourrait ainsi "se servir de cette présidence pour façonner un héritage", selon un diplomate européen, évoquant son "chant du cygne". Angela Merkel, au pouvoir depuis 15 ans, a prévu en effet de quitter son poste à la fin 2021.

Souvent accusée de manquer de courage politique, elle vient pourtant de briser un tabou allemand en matière de solidarité financière en proposant avec Emmanuel Macron un plan de relance européen de 500 milliards d'euros.

Surtout, les deux dirigeants  ont proposé qu'il soit financé par des dettes européennes mutualisées. Cette initiative franco-allemande a ouvert la voie au plan estimé au final à 750 milliards d'euros de la Commission européenne, qui promet toutefois encore d'âpres tractations en Europe.

"On est optimiste, déterminé et volontaire pour obtenir un accord budgétaire en juillet", veut croire la présidence française.

Avec AFP