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Olivier Véran propose 6 milliards d'euros pour revaloriser les salaires des soignants

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a proposé mercredi une somme de six milliards d'euros pour augmenter les salaires des soignants des hôpitaux et Ehpad publics, mais aussi pour partie dans le secteur privé. Les syndicats réclament davantage.

C’est une première mesure qui émane du "Ségur de la santé". Olivier Véran a annoncé, mercredi 24 juin, qu’une enveloppe de six milliards d'euros serait débloquée pour revaloriser les salaires des soignants des hôpitaux et Ehpad publics, mais aussi pour partie du secteur privé.

Après des semaines de concertation sans chiffre, les syndicats savent enfin combien le gouvernement est prêt à dépenser pour améliorer la rémunération des personnels hospitaliers, hors médecins, qui font l'objet d'une négociation parallèle.

Cette somme inclut une augmentation générale des salaires des agents de la fonction publique hospitalière (hôpitaux, Ehpad...), une refonte des primes, ainsi que des hausses ciblées sur certaines professions, qui pourraient être étendues aux établissements privés, ont précisé trois autres sources.

"On entre dans le 'money time'"

Selon un projet d'accord présenté lors d'une précédente réunion vendredi, ces hausses ciblées concerneraient notamment les catégories soignantes (infirmiers, aides-soignants) et médico-techniques (techniciens de laboratoire, manipulateurs radio).

Ce document, remis aux syndicats, prévoyait que l'augmentation générale des salaires dans le secteur public entre en vigueur "à compter du 1er juillet" pour le million d'agents du secteur public, qu'ils soient titulaires ou contractuels.

Pour un responsable syndical, la négociation salariale peut désormais commencer car "on connaît enfin le bas de la fourchette". À deux semaines de la conclusion du "Ségur", "on entre dans le 'money time'", a insisté ce syndicaliste.

Six milliards, c'est "une somme importante", a souligné de son côté une responsable de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui avait évalué les besoins à 5,5 milliards d'euros, mais pour le seul secteur public. Il "reste à travailler, négocier et s'accorder sur le périmètre et la répartition", a-t-elle insisté.

Le gouvernement doit "revoir sa copie"

Lancé fin mai par Édouard Philippe, le "Ségur de la santé", piloté par l'ancienne dirigeante de la CFDT Nicole Notat, doit concrétiser d'ici mi-juillet le "plan massif de revalorisation et d'investissement" promis par Emmanuel Macron en pleine épidémie de coronavirus.

Pour certains syndicats, qui revendiquent une "revalorisation générale des salaires" d'au moins 300 euros net par mois dans les établissements publics, le compte n'y est toujours pas, malgré les six milliards mis sur la table par l'exécutif.

L'éventualité de devoir partager une partie de la somme avec le secteur privé, hypothèse qui ne figurait pas dans le projet d'accord, a ainsi surpris plusieurs participants, hostiles à cette idée.

"Il faut que le gouvernement revoie complètement sa copie", estime même une responsable syndicale, pour qui "la pression" repose désormais sur les épaules de "l'exécutif", qui a une "obligation de résultat".

Après le succès de leur journée d'action le 16 juin, qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans toute la France, plusieurs syndicats (CGT, FO, SUD, Unsa) et collectifs de soignants (Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences) ont appelé à de nouveaux rassemblements le 30 juin.

Une autre mobilisation est aussi envisagée le 14 juillet, sous une forme encore non définie, alors que le gouvernement a prévu de rendre hommage aux soignants en ce jour de fête nationale, où le traditionnel défilé militaire sera remplacé par une cérémonie sur la place de la Concorde.

Les médecins aussi

De leur côté, les syndicats de médecins hospitaliers ont appelé jeudi à se joindre à la grève des soignants du 30 juin, faute d'avancées du "Ségur de la santé" sur leurs revendications salariales, évaluées à près de "sept milliards d'euros".

"Le préavis a été déposé par l'ensemble des organisations de personnels médicaux et non médicaux. Nous serons donc en grève ce jour-là", a indiqué lors d'une conférence de presse le président d'Action praticiens hôpital (APH), Jacques Trevidic.

La dernière réunion des syndicats de médecins au ministère a tourné court mardi matin. Mécontents de l'absence de calendrier et de chiffrage concernant leurs rémunérations, ils ont quitté la table au bout d'une heure pour "montrer (leur) mauvaise humeur".

Ils réclament notamment une hausse immédiate de 300 euros net mensuels pour les internes et une forte revalorisation de leur grille de salaire, avec un minimum de 5 000 euros net en début de carrière et jusqu'à 10 000 euros en fin de carrière.

Les praticiens hospitaliers en sauront peut-être davantage lors d'une nouvelle séance de discussion programmée vendredi.

Avec AFP