Le parti du président serbe Aleksandar Vucic a étendu dimanche son emprise sur le pouvoir par un raz de marée électoral au Parlement où l'opposition est réduite à peau de chagrin et dénonce une dérive autoritaire.
Les Serbes ont voté, dimanche 21 juin, lors de législatives qui ont largement conforté le parti du président Aleksandar Vucic.
"Je suis reconnaissant au peuple pour ce soutien historique", a lancé le chef de l'État en annonçant que le Parti serbe du progrès (SNS, centre droit) avait considérablement élargi sa domination avec environ 63 % des voix. "Nous avons gagné partout, nous avons gagné là où nous n'avions jamais gagné", a-t-il déclaré.
Le SNS remporte 189 sièges sur 250 contre 131 dans la législature précédente, selon les estimations d'Ipsos.
Ces premières élections nationales en Europe depuis le confinement imposé par la pandémie du coronavirus se sont déroulées dans l'ombre présidentielle. Aleksandar Vucic ne se présentait pas mais son nom figurait sur les bulletins de vote en tant que patron du SNS, le parti au pouvoir depuis 2012. En seconde position, le partenaire du SNS dans la coalition sortante, le Parti socialiste serbe (SPS, centre gauche), crédité de 11 % des voix par Ipsos.
Cette victoire sans appel a été favorisée par le boycottage du scrutin par les principaux partis d'opposition, selon qui des élections libres étaient impossibles du fait de la distorsion du paysage médiatique et démocratique.
Une opposition minée par les dissensions
Malgré leurs appels à rester chez soi et les craintes liées au coronavirus, la participation n'a pas reculé dans des proportions dramatiques, à moins de 50 %, selon les estimations de l'ONG indépendante CRTA. Cela n'a pas empêché les partis d'opposition à l'origine du boycott de dénoncer des élections "fausses" et revendiquer le succès de leur mouvement.
Une vingtaine d'autres formations de l'opposition avaient choisi de se présenter. Mais seule l'une d'entre elle semblait susceptible de franchir la barre de 3% des voix nécessaires pour entrer au Parlement, où elle côtoiera des partis représentant les minorités à qui ce seuil ne s'applique pas. Parmi les évincés, le parti de l'ultra-nationaliste Vojislav Seselj.
La Constitution confère au président un rôle honorifique mais Aleksandar Vucic, 50 ans, est sans conteste celui qui prend les décisions. Le chef de l'État, qui fut deux fois Premier ministre, est devenu plus populaire que jamais pendant la crise du coronavirus, selon les sondages.
Avec AFP