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"De Gaulle, Macron et l'impossible unité nationale"

Les commémorations des 80 ans de l'appel du général de Gaulle sont l'occasion d'une nouvelle séquence mémorielle pour Emmanuel Macron. La presse française estime qu'il se pose en héritier du Général, mais en ces temps compliqués, a-t-il raison de vouloir s'en inspirer? Ailleurs dans l'Himalaya, la diplomatie tente de reprendre ses droits, même si après la mort de dizaines de soldats cette semaine, l'heure n'est pas vraiment à l'entente cordiale entre la Chine et l'Inde...

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Il y a 80 ans le général de Gaulle s’adressait aux Français depuis Londres. Ce 18 juin ce fut pour le Figaro un "appel contre le renoncement", son "message annonçait le redressement. (...) Grâce à quelques mots, cette France à genoux a vu une lueur une vision de l’avenir". Dans un pays "en proie aux crises sanitaire, économique ou de l’autorité de l’Etat, qu’en est-il de la vision ?" s’interroge le journal de droite. 

Contre toute espérance, "De Gaulle a espéré, il s’est rebellé contre l’inéluctable", écrit La Croix. "Il a ouvert un chemin qui a changé le destin de la Nation".  

Dans l’Opinion l’historien Serge Berstein analyse les commémorations autour du général, qui se multiplient partout en France avec des politiques de tous bords voulant capitaliser sur sa popularité. Selon lui, Emmanuel Macron se pose implicitement en héritier du Général… tandis que pour Marine Le Pen "le ralliement à de Gaulle constitue une pièce majeure de la dédiabolisation" et tant pis si "pendant longtemps dans le contexte de la guerre d’Algérie De Gaulle pour le Front National c’était l’horreur absolue".

Et si le chef de l'Etat faisait fausse route en voulant s’inspirer du général "pour réussir l’unité nationale". Le journal Suisse le Temps observe que le "président français cultive un mythe que son illustre prédécesseur a lui-même contribué à démolir ". De Gaulle tout au long de sa carrière "n'a jamais fait de l’unité la condition de son action": il divise le pays en 1940, pousse une partie du pays contre l’autre avec l’indépendance de l’Algérie... Sa priorité c'était "de rallier pas de rassembler" 

Une presse étrangère également sceptique au Royaume Uni. Si Emmanuel Macron "essaie de baigner dans la gloire de De Gaulle", le Spectator prévient "lorsque l’on tente d’instrumentaliser l’histoire cela se termine rarement bien". Churchill l’avait formalisé en ces termes …"L’Histoire me sera indulgente car j’ai l’intention de l’écrire".

La presse internationale s'inquiète par ailleurs du risque d’escalade entre l’Inde et la Chine, après un accrochage entre leurs armées dans le désert montagneux du Ladakh, région disputée entre les deux pays. Ce jeudi, la presse officielle chinoise joue la carte de la diplomatie, le Global Times estime que "la paix à la frontière est la condition pour de saines relations avec la Chine", mais  pour y parvenir l’Inde doit "se réveiller de son fantasme géopolitique" et "ne jamais pousser la Chine à faire des concessions car la Chine ne le fera pas" …

Une main tendue qui ressemble à un coup de poignard dans un dessin du Deccan Chronicle. Le quotidien indien, qui défend la version de l'intrusion chinoise en territoire indien ironise sur ses deux présidents qui font mine de s’entendre. "L'ennemi est à l’intérieur alors pourquoi le Premier ministre est-il réticent à faire la lumière sur cet incident", s'interroge le journal qui appelle à une intervention politique urgente vers la désescalade …

Pour le Times of India, le coronavirus venu de Chine a très vite muté en un virus de la guerre ... encore plus agressif.