
L'ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump raconte que le président américain a requis l'aide de son homologue chinois Xi Jinping en vue de l'élection de novembre prochain, selon des extraits de son livre diffusés mercredi dans la presse américaine.
Alors que la Maison Blanche essaie de bloquer la publication de livre de John Bolton, des extraits explosifs ont été diffusés dans la presse, mercredi 17 juin. Dans ces derniers, l'ex-conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump accuse le président américain d'avoir cherché l'aide de la Chine pour remporter l'élection présidentielle de novembre prochain.
Il y raconte, qu'en marge d'un sommet du G20 à Osaka, en juin 2019, Donald Trump avait "détourné" la conversation avec le président chinois Xi Jinping "vers la prochaine élection présidentielle", en plaidant auprès de Xi "pour qu'il fasse en sorte qu'il l'emporte", selon les extraits publiés simultanément par le Wall Street Journal, le New York Times et le Washington Post.
Lors de cette rencontre, le président américain "a souligné l'importance des agriculteurs et de l'augmentation des achats chinois de soja et de blé sur le résultat de l'élection", écrit dans ses mémoires ce faucon républicain, hostile au multilatéralisme et volontiers va-t-en-guerre.
"Les conversations de Trump avec Xi reflètent non seulement les incohérences de sa politique commerciale, mais aussi l'interconnexion dans l'esprit de Trump entre ses propres intérêts politiques et l'intérêt national américain", souligne John Bolton, qui fut conseiller à la sécurité nationale d'avril 2018 à septembre 2019.
Cette conversation de Donald Trump et "d'innombrables autres" ont "confirmé un comportement fondamentalement inacceptable qui érode la légitimité même de la présidence", accuse-t-il.
Une politique étrangère fustigée
Figure de la politique américaine, John Bolton décrit des échanges embarrassants entre Donald Trump et des dirigeants étrangers.
Dans un passage du livre, John Bolton évoque ainsi la procédure de destitution lancée au Congrès américain par les démocrates contre Donald Trump fin 2019 : s'ils "n'avaient pas été à ce point obsédés" par l'affaire ukrainienne et avaient pris en compte plus largement sa politique étrangère, l'issue "aurait pu être bien différente".
Il avait pourtant refusé de témoigner à la Chambre des représentants, à majorité démocrate. Mais de premiers extraits de ses mémoires avaient fait irruption avec fracas dans le procès en destitution en janvier. Le président américain avait été acquitté par le Sénat, à majorité républicaine.
Selon le Washington Post, John Bolton s'était inquiété, auprès du ministre de la Justice, Bill Barr, "de la volonté de Trump de rendre des services à des autocrates", dont le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Les responsables de l'administration Trump oscillaient, d'après l'ex-conseiller, entre profonde inquiétude et moqueries. Dans un mot glissé à John Bolton lors du sommet historique entre Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en 2018, Mike Pompeo aurait ainsi écrit : "Il ne raconte que des conneries".
Indignation de Joe Biden

Selon ces accusations, "Donald Trump se serait rendu coupable, à maintes reprises, du délit d'abus de pouvoir", résume Matthieu Mabin, le correspondant à Washington de France 24. Il ajoute qu'il est "inenvisageable que tous ces dossiers soient explorés avant la fin de la campagne présidentielle".
Son adversaire n'a pas tardé à réagir à ces extraits. "Si ces propos sont avérés, cela est non seulement répugnant moralement, mais c'est aussi une violation du devoir sacré de Donald Trump envers les Américains", a accusé, dans un communiqué, Joe Biden, l'ancien vice-président américain et adversaire de Trump dans la course à la Maison Blanche.
If John Bolton's accounts are true, it’s not only morally repugnant, it’s a violation of Donald Trump’s sacred duty to the American people to protect America’s interests and defend our values.
— Joe Biden (@JoeBiden) June 17, 2020"Pourquoi a-t-il à plusieurs reprises loué le gouvernement chinois et le président Xi alors même que le coronavirus se propageait ? Parce qu'il voulait pouvoir parler d'un accord commercial avec la Chine pendant sa campagne de réélection", s'est notamment indigné Joe Biden.
Ces fuites surviennent au lendemain de l'annonce d'une action en justice de l'administration Trump pour tenter de bloquer la parution prévue le 23 juin de l'ouvrage "The Room Where It Happened, A White House Memoir", catapulté au sommet des ventes sur le site Amazon.
Avec AFP