
Alors que les manifestations se multiplient en France pour dénoncer les violences policières, plusieurs enquêtes ont été ouvertes à la suite de plaintes déposées contre les forces de l'ordre après des actions menées à Bondy ou encore à Vitry-sur-Seine.
Avec le mouvement Black Lives Matter, difficile aujourd'hui de fermer les yeux. Les manifestations en hommage à George Floyd et à Adama Taoré ont eu le mérite de mettre la lumière sur les violences policières en France. Et d'après le Défenseur des droits, elles ont augmenté l'année dernière. Dans son rapport annuel publié lundi, il indique avoir enregistré en 2019 un bond de près de 30 % des dossiers liés à la "déontologie de la sécurité", dont la majorité concerne l'action des forces de l'ordre. Cette semaine encore, plusieurs enquêtes ont été ouvertes à la suite de plaintes déposées contre la police pour violences ou injures à caractère racistes.
Affaire Gabriel : le défenseur des droits saisi
Dans l'affaire Gabriel d'abord. Mercredi, le Défenseur des droits Jacques Toubon a ouvert une enquête sur l'arrestation de ce garçon de 14 ans, qui accuse des policiers de l'avoir frappé et gravement blessé à l'œil lors de son interpellation à Bondy, en Seine-Saint-Denis.
Arrêté dans la nuit du 25 au 26 mai alors qu'il tentait de voler un scooter, l'adolescent aurait, selon une source policière, "fait une chute" avant de se "rebeller". Mais lundi, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est dit "troublé" par cette affaire, sur laquelle le parquet de Bobigny a ouvert une enquête, confiée à l'IGPN, la police des polices.
Le Défenseur des droits a indiqué avoir été saisi "aux titres de la défense des droits de l'enfant et du contrôle de la déontologie des forces de sécurité", notamment après avoir reçu un courrier de deux députés de Seine-Saint-Denis, Christophe Lagarde (UDI) et Sabine Rubin (LFI).
Lors de son interpellation, Gabriel assure avoir reçu trois à quatre coups de pieds au visage alors qu'il était au sol, maîtrisé et menotté. Il dit aussi avoir reçu un coup à l'arrière du crâne sans pouvoir en identifier précisément l'auteur. Souffrant notamment d'une fracture maxillaire étendue à l'os de l'œil gauche, l'adolescent s'est vu prescrire 30 jours d'interruption totale de travail (ITT).
Soupçons d'"injures à caractère raciste et homophobe" à Vitry-sur-Seine
À Vitry-sur-Seine, près de Paris, l'IGPN va être saisie à la suite des plaintes de quatre familles pour "détention arbitraire" et "injures à caractère raciste et homophobe" après l'interpellation de leurs enfants de 14 et 15 ans, a indiqué le parquet de Créteil.
Le 26 mai, quatre collégiens, dont deux d'origine maghrébine et un jeune noir, ont été contrôlés par la police alors qu'ils se trouvaient dans un parc de Vitry-sur-Seine. Selon des sources concordantes, ces quatre jeunes correspondent à la description des auteurs d'un vol à l'arraché survenu la veille.
Selon leur avocat, Me Karsenti, ils ont été "menottés en pleine rue pendant deux heures avant qu'une voiture de la police municipale ne vienne pour les emmener au commissariat du Kremlin-Bicêtre". Les jeunes affirment avoir ensuite reçu dans la voiture des insultes homophobes et racistes, et pour l'un, avoir été giflé par un des policiers. Puis ils disent avoir été placés en garde à vue sans que leurs familles n'ait été prévenues.
Une source policière affirme néanmoins que les parents ont bien été prévenus plus ou moins dans l'heure qui a suivi, et que les trois jeunes ont pu voir un avocat, et un médecin pour deux d'entre eux. À l'issue de leur garde à vue, aucune charge n'a été retenue contre eux, rappelle Me Karsenti.
Avec AFP