
Dans un entretien accordé à France 24 et RFI depuis le Québec, François-Philippe Champagne, ministre des Affaires étrangères du Canada, revient sur l’onde de choc mondiale de l’affaire George Floyd aux États-Unis et dénonce le racisme "systémique", qui perdure au Canada. Il s’exprime également sur les tensions de son pays avec la Chine, et plaide pour renforcer le multilatéralisme, en berne depuis la crise sanitaire.
Dans un entretien accordé à France 24 et RFI, le ministre des Affaires étrangères canadien, François-Philippe Champagne, explique que son pays a été "horrifié" par les images du meurtre de George Floyd aux États-Unis. Il se félicite que cela ait provoqué un sursaut mondial.
"Les Canadiens et les Canadiennes ont été horrifiés de voir les images où l’on voyait George Floyd par terre avec ce genou du policier. Je pense que ces images-là ont galvanisé le monde", déclare François-Philippe Champagne sur France 24 et RFI. "Il y a du racisme systémique même au Canada (…), pays multiculturel, très inclusif, où pour nous la diversité est l’une des grandes richesses du Canada. On se rend compte qu’il y a encore du racisme systémique chez nous et je pense que le grand message c’est que nous devons non seulement décrier le racisme, mais agir".
Selon lui, le Premier ministre Justin Trudeau est convaincu de la nécessité non seulement de dénoncer le racisme, mais également d’agir. Ce dernier, avait participé vendredi 5 juin à une manifestation à Ottawa, posant un genou en terre pendant les 8 minutes 46 secondes qu'a duré le calvaire de George Floyd.
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Concernant les tensions avec la Chine, suite à l’arrestation au Canada d’une dirigeante de la société Huawei réclamée par les États-Unis, François-Philippe Champagne affirme que la procédure d’extradition se poursuit, dans le respect de la séparation des pouvoirs. Il dénonce, par ailleurs, le traitement "arbitraire" infligé à deux citoyens canadiens détenus en Chine depuis plus de 500 jours, en violation de l’ État de droit, et appelle à "ne pas faire de parallèle entre les deux affaires".
"Réinventer le multilatéralisme"
Quant à la décision sur l’attribution d’une licence de 5G à Huawei, le chef de la diplomatie canadienne affirme que le gouvernement y travaille activement et que le premier critère doit être la sécurité. Il dit espérer une décision "rapide et réfléchie".
Alors qu’avec la pandémie du coronavirus, tous les pays se sont repliés peu à peu sur eux-mêmes, il estime qu’il faut "réinventer le multilatéralisme, qui fait partie de l’ADN du Canada", afin qu’il réponde aux aspirations de la jeunesse notamment.
Enfin, François-Philippe Champagne explique que son pays, qui est candidat à un poste de membre non-permanent au Conseil de Sécurité des Nations unies ce mois-ci, présente de nombreux atouts pour relancer le multilatérisme, en se préoccupant notamment des conséquences de la crise sanitaire et économique dans les pays les plus pauvres, surtout en Afrique.