Afin d'éviter l'importation de cas de nouveau coronavirus pendant son déconfinement, le Royaume-Uni a commencé, lundi, à imposer une quarantaine de deux semaines à toute personne arrivant de l'étranger. La mesure, critiquée, met à mal les secteurs aérien et du tourisme.
Depuis lundi 8 juin, toute personne arrivant au Royaume-Uni depuis l'étranger doit s'isoler pendant 14 jours, afin d'éviter l'importation de nouveaux cas de coronavirus.
Cette quatorzaine, qui sera réexaminée par le gouvernement britannique toutes les trois semaines, concerne toutes les arrivées par terre, mer et air, que les voyageurs résident ou pas au Royaume-Uni. Elle vise à éviter des cas de Covid-19 venus de l'étranger au moment où le pays lève progressivement les restrictions mises en place fin mars pour contenir la propagation du virus.
"J'espère vraiment que les gens pourront prendre l'avion, partir en vacances cet été, mais nous devons commencer par adopter une approche prudente", a plaidé, dimanche, le ministre de la Santé, Matt Hancock, sur la chaîne de télévision Sky News.
Des contrôles et des amendes
Des contrôles aléatoires seront mis en œuvre et les contrevenants s'exposent à une amende de 1 000 livres (1 122 euros). Des exceptions sont prévues pour les transporteurs routiers, les personnels de santé, les cueilleurs de fruits ou les voyageurs en provenance d'Irlande.
Le Royaume-Uni dénombre 40 542 morts de personnes testées positives au nouveau coronavirus, et même plus de 48 000 en incluant également les cas suspects, pour près de 287 000 contaminations, selon le dernier bilan officiel, dimanche.
Le service national des statistiques (ONS) a estimé à plus de 5 500 le nombre de contaminations quotidiennes fin mai en Angleterre. Et, selon une étude des autorités de santé anglaises (PHE England) et de chercheurs de l'université de Cambridge, le virus accélère même légèrement sa propagation dans certaines régions depuis le début du déconfinement.
Le conseiller scientifique du gouvernement, Patrick Vallance, a lui-même estimé, devant la presse, que la décision d'imposer cette quarantaine était plus politique que scientifique, bien que le gouvernement se targue de suivre scrupuleusement les avis scientifiques.
Une mesure controversée
Mis à terre par la pandémie, les professionnels de l'aviation et du tourisme sont très remontés contre cette mesure. Les compagnies aériennes British Airways, EasyJet et Ryanair ont demandé, dimanche, au gouvernement de renoncer à cette "quarantaine inefficace, qui aura un effet dévastateur sur l'industrie touristique britannique et détruira (...) des milliers d'emplois". Elles ont cosigné une lettre officielle adressée vendredi au gouvernement, étape préliminaire à une éventuelle action en justice.
"Des milliers d'Européens qui se rendraient normalement au Royaume-Uni en juillet et en août, pendant la haute saison, ne viendront pas parce qu'ils sont terrifiés par cette quarantaine", a déploré le patron de Ryanair, Michael O'Leary sur Sky News lundi.
À l'aéroport londonien d'Heathrow, les emplois de 25 000 personnes sont menacés, soit le tiers des effectifs totaux, a prévenu le patron de l'aéroport, John Holland-Kaye, dans le podcast du quotidien du centre des affaires londonien City AM.
La fronde s'est propagée jusqu'au sein de la majorité conservatrice, qui craint que le gouvernement ne sabote l'économie, déjà terrassée par la crise sanitaire.
Comme porte de sortie, le gouvernement de Boris Johnson réfléchit à instaurer des ponts aériens avec certaines destinations touristiques, comme la France ou l'Espagne, ce qui permettrait de contourner la quarantaine. Selon le Sunday Times, le dirigeant a prié son ministre des Transports de trouver une solution avant fin juin.
Avec AFP