
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a réitéré, vendredi, son appel à la libération de la chercheuse franco-iranienne, Fariba Adelkhah, emprisonnée depuis un an à Téhéran.
Un bien triste anniversaire pour Fariba Adelkah. "Le 5 juin 2019, Mme Fariba Adelkhah, chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po était incarcérée à la prison d'Evin en Iran", a rappelé, vendredi 5 juin, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, dans un communiqué.
Le ministre des Affaires étrangères en a profité pour réclamer de nouveau sa libération. "Aujourd'hui, je réitère formellement l'exigence de la France d'une libération immédiate par l'Iran de Mme Adelkhah", annonce-t-il. Et d'ajouter que "la poursuite de cette situation ne peut qu'avoir un impact négatif sur la relation bilatérale entre la France et l'Iran, et réduit substantiellement la confiance entre nos deux pays".
Il y a un an, Fariba Adelkhah était arbitrairement arrêtée en Iran. Il est inacceptable qu’elle soit toujours emprisonnée. Mon message aux autorités iraniennes : la justice commande que notre compatriote soit immédiatement libérée.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 5, 2020Rejets des appels de la France
Anthropologue réputée, directrice de recherche au Ceri, Fariba Adelkhah, qui est âgée de 60 ans, a été arrêtée avec un autre chercheur français, son compagnon Roland Marchal, qui a été libéré en mars 2020. Incarcérée dans la prison d'Evin, à Téhéran, cette spécialiste du chiisme, née en Iran en 1959 et vivant en France depuis 1977, a toujours clamé son innocence.
L'Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité de Fariba Adelkhah et a rejeté les nombreux appels de la France en faveur de sa libération, a abandonné en janvier les charges initiales d'espionnage contre la chercheuse. La République islamique l'a toutefois condamnée le mois dernier à cinq ans de prison pour collusion en vue d'attenter à la sécurité nationale iranienne et propagande contre la République islamique.
À la suite des propos d'Emmanuel Macron, la République islamique a opposé la même fin de non-recevoir que par le passé.
"Fariba Adelkhah a fait l'objet d'un procédure judiciaire indépendante et juste", "les pressions politiques et les campagnes médiatiques ne perturberont en aucun cas l'exécution de [sa] peine", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, appelant Paris à cesser "de s'ingérer dans les affaires intérieures" de l'Iran.
Otage à “des fins de marchandage”
L'avocate iranienne et Prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi, estime que Fariba Adelkhah, est "otage" des autorités iraniennes à des fins de marchandage pour faire "libérer ses propres prisonniers, recevoir de l'argent ou autre". Et de poursuivre : "Elle n'a commis aucun crime", a-t-elle déclaré dans une vidéo diffusée vendredi par Sciences Po Paris, qui emploie la chercheuse. "Le procès qui lui a été fait est injuste", poursuit le Nobel de la Paix 2003, relevant que la chercheuse n'avait "pas eu droit à un avocat durant les premiers mois de son incarcération et durant ses interrogatoires".
Pour marquer ce premier anniversaire, la Mairie de Paris a affiché dans la matinée le portrait de l'anthropologue sur sa façade. Sciences Po Paris a aussi déroulé sur la sienne une bannière avec la mention "Fariba Adelkhah, chercheuse. Emprisonnée en Iran depuis le 5 juin 2019. Son combat pour la liberté est le nôtre". Aucun rassemblement n'est en revanche prévu en raison des contraintes sanitaires liées à la crise du Covid-19.
Une quinzaine d'étrangers, souvent binationaux, ont été arrêtés et condamnés dans des circonstances similaires ces dernières années, selon le comité de soutien de Fariba Adelkhah.
Avec Reuters et AFP