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La chancelière Angela Merkel a annoncé mercredi un plan de relance historique pour l'économie allemande, qui passera par une baisse de la TVA, des subventions aux familles ou encore une prime à l'achat de voitures électriques.

L'Allemagne a annoncé mercredi 3 juin un gigantesque train de mesures de 130 milliards d'euros sur deux ans pour stimuler son économie affaiblie par la pandémie de coronavirus.

Ce plan a pour ambition non seulement de soutenir l'offre, à travers la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée ou de nouvelles aides aux entreprises en difficulté, mais également la demande par des subventions aux familles ou encore une augmentation de la prime d'achat pour les voitures électriques.

Ces investissements doivent être effectués maintenant "car nous voulons rendre l'avenir possible particulièrement pour les prochaines générations", a affirmé mercredi soir Angela Merkel à l'issue de deux jours d'âpres négociations entre conservateurs et sociaux-démocrates, les partenaires de la coalition gouvernementale.

"Responsabilité pour l'Europe"

"Nous avons donc un plan de relance économique, un plan pour l'avenir et, bien sûr, en plus de cela, nous nous occupons maintenant de notre responsabilité pour l'Europe et de la dimension internationale", s'est-elle félicité.

Elle faisait ainsi allusion au projet qu'elle porte actuellement avec le président français Emmanuel Macron d'instaurer des dettes mutualisées entre pays de l'Union européenne (UE) pour relancer l'économie européenne face au coronavirus.

Même si l'Allemagne a été jusqu'à présent moins frappée que ses voisins par la pandémie sur le plan humain, avec quelque 8 500 morts, son économie, très dépendante des exportations, a été fortement secouée.

Ce plan de relance s'ajoute à l'énorme plan de plus de 1 000 milliards d'euros mis en place en mars, au plus fort de la pandémie, prévoyant des aides aux entreprises et des milliards d'euros de prêts garantis.

Soutien au secteur automobile

Parmi les mesures annoncées mercredi figurent, outre la baisse temporaire de la TVA de 19 % à 16 % jusqu'au 31 décembre 2020 (de 7 % à 5 % pour le taux réduit) et des transferts de dettes des communes vers l'État fédéral, une allocation unique de 300 euros par enfant pour les familles ou encore une baisse des coûts de l'électricité pour les particuliers, selon l'accord de 15 pages.

Le point le plus discuté a été l'instauration d'une prime à l'achat pour soutenir le secteur automobile, pratiquement à l'arrêt depuis plusieurs mois. Les sociaux-démocrates (SPD), qui s'opposaient à toute subvention de voitures polluantes, semblent ici avoir remporté la bataille : au final, les membres de la "grande coalition" se sont prononcés contre une prime à l'achat de voitures à essence ou diesel à faibles émissions. En revanche, la prime à l'achat d'un véhicule électrique sera doublée, passant de 3 000 à 6 000 euros.

L'accord conclu promeut par ailleurs l'accélération de la rénovation des bâtiments pour les années à venir : le programme encourageant notamment l'installation de systèmes de chauffage plus respectueux du climat va maintenant augmenter d'un milliard d'euros pour être porté à 2,5 milliards.

"Une opportunité gâchée"

L'un des représentants de la gauche radicale die Linke, Bernd Riexinger, a cependant parlé d'une "opportunité gâchée", estimant que les mesures de soutien sociales n'étaient pas suffisantes.

Alors que l'Allemagne a vu son taux de chômage continuer à grimper en mai, à 6,3 %, poussant les entreprises à solliciter le chômage partiel pour plus de 11 millions de salariés depuis mars, le gouvernement a voulu apporter à nouveau son soutien aux entreprises en difficulté. Jusqu'à 25 milliards d'euros seront ainsi débloqués pour venir en aide aux secteurs les plus sinistrés.

Angela Merkel a justifié ces aides pour soutenir les millions de travailleurs actuellement au chômage partiel : "Cela montre combien l'ensemble (de l'économie) est fragile et qu'il est nécessaire de réussir à stimuler l'économie pour que les emplois soient assurés".

Avec AFP