En vue des législatives de janvier 2010, Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien, a mis en place une coalition comprenant 40 courants politiques ainsi que des membres des communautés sunnites, chiites, kurdes et chrétiennes.
AFP - Le Premier ministre irakien chiite Nouri al-Maliki a annoncé jeudi la formation d'une large coalition multiconfessionnelle en vue des élections législatives de janvier 2010, une étape qu'il a qualifiée de "tournant historique" pour l'avenir du pays.
Cette coalition, qui se veut nationaliste, comprend 40 mouvements et courants politiques, des membres des communautés sunnites, chiites, kurdes et chrétiennes tout comme des indépendants et des libéraux.
"La formation de cette coalition est un tournant historique dans le processus de reconstruction d'un Irak moderne, sur une base nationale réelle", a affirmé M. Maliki lors d'une cérémonie dans un hôtel de la zone verte ultra protégée dans le centre-ville de Bagdad.
Il a promis aux électeurs un Irak "loin de toute dictature, du système des quotas (communautaires) et du confessionnalisme" et qui favorisera "l'intégrité, l'efficacité et le professionnalisme".
Cette coalition "sera au service du peuple irakien et réalisera toutes ses ambitions en construisant un Etat indépendant, fédéral, qui garantira la liberté, la justice, l'égalité et la souveraineté pour les Irakiens", a-t-il encore indiqué.
Parmi les membres de la coalition, figurent plusieurs ministres comme celui du Pétrole, Hussein Chahristani, du Tourisme Qahtan Abbas Naaman, ou encore celui des Emigrés et des Déplacés, Abdelsamad Rahmane Sultan.
M. Maliki a également réussi à rallier d'importants chefs tribaux sunnites, comme le chef de la tribu des Doulaïmis, Ali Hatem al Soulaïmane, ainsi que Saad Fawzi Abou Richa, dont la tribu a participé au combat qui a permis de défaire Al-Qaïda dans la province d'al-Anbar.
Selon le Premier ministre, ce nouveau rassemblement transcende les divisions communautaires. Ces fractures ont poussé le pays dans le chaos entre 2006 et 2007, quand sunnites et chiites se sont affrontés lors d'un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts.
"La coalition de l'Etat de droit représente tous les Irakiens afin d'établir un Etat prospère et fort (...) Elle comprend des personnalités qui ne s'alignent sur aucune communauté ou ethnie", a-t-il dit.
M. Maliki souhaite tirer profit de sa victoire aux dernières élections provinciales qu'il avait remportées haut la main. Pour ce scrutin, qui s'est tenu en janvier 2009, il avait constitué ses propres "listes de l'Etat de droit".
En décidant de se lancer dans la course aux législatives, ce chiite conservateur qui a accédé au poste de Premier ministre en mai 2006 rompt aussi l'union sacrée chiite qui avait remporté les premières élections législatives en janvier 2005 de l'après Saddam Hussein.
L'Alliance unifiée irakienne (AUI), composée de tous les partis chiites dont le Conseil suprême islamique en Irak (CSII), avait ainsi permis à la communauté chiite, qui représente environ 60% de la population irakienne, d'accéder au pouvoir pour la première fois depuis le début du 20è siècle.
Ces partis, depuis le CSII proche de l'Iran jusqu'aux partisans du chef radical Moqtada Sadr, ont annoncé en août leur regroupement au sein d'une nouvelle Alliance Nationale Irakienne (ANI).
Pendant plusieurs mois, les partis chiites et M. Maliki ont mené des discussions pour tenter de parvenir à un accord et reconduire leur ticket gagnant mais elles ont buté sur la répartition des candidats sur la liste.
M. Maliki a refusé la répartition proposée par le CSII dans l'ANI, arguant qu'elle ne reflétait plus la nouvelle réalité politique du pays après la victoire de ses listes aux provinciales.