L'heure est venue d'entériner ou non une décision qui fait polémique depuis de nombreuses semaines. Lyon, Amiens et Toulouse, qui s'estiment lésés par l'arrêt prématuré de la Ligue 1, verront leur recours examiné jeudi par le Conseil d'État.
En quête d'une victoire sur le terrain judiciaire, jeudi 4 juin, Lyon, Amiens et Toulouse se retrouvent devant le Conseil d'État, cour administrative suprême, face à la décision d'arrêter la Ligue 1 et de figer son classement, qu'ils contestent.
Les trois clubs sont attendus pour une audience à 14h, heure de Paris, devant le juge des référés (procédure d'urgence) afin d'évoquer cette fin d'exercice 2019-20 et ses conséquences, qui agite tant le foot français. La décision du Conseil d'État est attendue dans les jours qui suivent.
Au centre de la polémique, la réunion du Conseil d'administration de la Ligue de football professionnel (LFP) du 30 avril, qui a clôturé le championnat en raison de la pandémie de coronavirus, et déterminé le classement final en fonction d'un indice de performance.
Celui-ci a éjecté l'Olympique lyonnais (7e) des places européennes et envoyé l'Amiens SC (19e) et le Toulouse FC (20e) en Ligue 2. Les trois formations, grandes perdantes de ce mode de calcul, ont promis de faire entendre leur voix en justice.
Le Tribunal administratif de Paris a rejeté sur la forme le premier recours en référé de chaque requérant, le 22 mai, estimant que les décisions de la LFP ne pouvaient être contestées "que devant le Conseil d'État". Voilà désormais les trois clubs devant la plus haute juridiction administrative.
L'OL milite jusqu'au bout pour une reprise
Pour le président de l'OL, Jean-Michel Aulas, c'est une nouvelle occasion de pousser pour la reprise de la compétition, un scénario qu'il est le seul à défendre publiquement.
Son club demande la suspension de la décision du Conseil d'administration de la Ligue, mais enjoint aussi la LFP à "réexaminer les conditions permettant d'envisager une reprise des compétitions au mois d'août, ou à défaut, de prononcer la saison 2019-2020 saison blanche". Cette dernière option, annulant la saison et reconduisant à l'identique les qualifiés européens de 2018-2019 (donc Lyon), avait déjà été brandie en mars par Jean-Michel Aulas.
Le puissant dirigeant, qui conteste un arrêt "précipité" et "à contre-courant", alors que les autres championnats majeurs d'Europe reprennent, a encore bougé ses pions dans ce sens-là, en saisissant la Ligue pour qu'elle réévalue sa position.
Pour lui, l'annonce récente du Premier ministre, qui a autorisé l'entraînement à partir du 2 juin, est un argument supplémentaire qui rend possible une fin de saison cet été.
Mais "aujourd'hui, pour des questions organisationnelles, c'est trop dur de reprendre]", affirme son homologue de Nantes, Waldemar Kita, soulignant notamment l'absence de diffuseurs.
"Faire gagner le sport et ses valeurs"
Contrairement à Lyon, Amiens et Toulouse ne contestent pas l'arrêt du Championnat, mais bien le classement final, qui a conduit à leur relégation, sans avoir pu disputer toutes les rencontres.
"La justice est le seul rempart face à la décision de la Ligue de reléguer arbitrairement l'ASC. La seule chose qui compte pour nous aujourd'hui, c'est de faire gagner le sport et ses valeurs", a déclaré le président du club picard Bernard Joannin.
"Ce que l'on conteste, c'est le changement de règles du jeu en cours de compétition. Selon les textes, les relégations se font après la 38e journée, et pas avant. On ne déclare pas perdante une équipe qui est menée à la 66e minute du match", abonde auprès de l'AFP l'avocat au Conseil d'Etat Me Guillaume Tapie, qui conseille l'ASC.
Amiens a également introduit un deuxième recours, sur le fond, qui doit prendre plusieurs mois au Conseil d'État.
Le cas des deux clubs sera suivi aussi par les équipes des divisions inférieures. Si le Conseil d'État suspend leur relégation, c'est tout l'édifice bâti par le président de la Fédération (FFF), Noël Le Graët, soucieux de conserver le principe de montées et descentes dans tous les championnats, qui pourrait bien s'ébranler.
Avec AFP