
Le budget de "sortie de crise" présenté par le gouvernement prévoit un déficit public record, qui atteindra 8,5 % du produit intérieur brut (PIB) l'an prochain. Les recettes de l'État peinent à se remettre de la récession historique de 2009.
AFP - Le gouvernement a présenté mercredi un "budget de sortie de crise" pour 2010 qui prolonge l'effort de relance économique engagé cette année au prix d'un déficit public record, prévu à 8,5% du PIB l'an prochain.
Après une récession historique en 2009, avec une chute attendue du produit intérieur brut (PIB) de 2,25%, le projet de loi de finances (PLF) table sur le retour à une croissance faible l'année prochaine de +0,75%.
Il espère ensuite une nette reprise à partir de 2011 (+2,5%) qui lui permet de prévoir une réduction des déficits publics dans deux ans sans pouvoir pour autant stopper la progression de la dette publique qui devrait passer de 77,1% du PIB cette année à 84% l'année prochaine et 91% en 2013.
L'année prochaine sera une "période post-crise", estime la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, qui prévient que l'"on n'a pas encore vu le terme" des conséquences de la crise en termes d'emploi.
Après 580.000 destructions d'emplois marchands attendues cette année, le gouvernement table sur 190.000 nouvelles destructions en 2010. Avec le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite, l'Etat supprimera de son côté 34.000 postes, dont 16.000 dans la seule Education nationale.
Pour Mme Lagarde, l'un des principaux axes du budget sera la prolongation des dispositifs de soutien à l'emploi (indemnisation du chômage partiel, contrats de transition professionnelle, etc.).
Ni hausse ni baisse d'impôt globale l'an prochain, avec un taux de prélèvements obligatoires stable à 40,7% du PIB en 2010, comme cette année.
Dans le détail, les entreprises apparaissent comme les grandes gagnantes du PLF, avec une reconduction du remboursement accéléré du crédit impôt recherche (2,5 milliards) et surtout la réforme de la taxe professionnelle (TP).
La suppression de la part de la TP assise sur l'investissement productif représente à elle seule 11,7 milliards d'euros d'allègements fiscaux pour les entreprises en 2010. Un allègement qui sera de 7 milliards en régime de croisière après cette année de transition.
Les ménages semblent moins favorisés: le "verdissement" de certaines mesures fiscales (malus automobile, loi Scellier sur l'investissement locatif, crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt pour l'acquisition d'un logement, etc.) les rendra nettement moins avantageuses.
Et ils devront payer l'impôt sur le revenu sur l'intégralité de leurs indemnités de départ en retraite (hors plan social), auparavant partiellement exonérée.
La taxe carbone (2,55 milliards pour les ménages) devrait en revanche leur être intégralement remboursée, sur une base forfaitaire.
Avec des recettes fiscales en chute libre en raison de la crise (-53 milliards d'euros entre 2008 et 2009) et d'importantes dépenses publiques de relance (39 milliards au total cette année, près de 15 milliards prévus l'an prochain), le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) a bondi pour atteindre 8,2% du PIB en 2009, du jamais vu.
Le record sera encore battu l'an prochain, malgré des recettes prévues en net rebond (+15,5%) et des dépenses de l'Etat qui ne progresseront pas plus vite que l'inflation (+1,2%) "hors relance", a insisté le ministre du Budget, Eric Woerth.
Si le déficit de l'Etat sera réduit de 141 à 116 milliards, les comptes sociaux vont plonger en raison notamment de la baisse des cotisations et de la hausse de l'indemnisation du chômage. Alourdi par le coût de la réforme de la TP (à hauteur de 0,3% du PIB), le déficit de la France atteindra 8,5% du PIB, tandis que la dette exploserait à 84% du PIB.
Un déficit lié à 60% à la crise, assure M. Woerth, mais qui reste bien au-delà de la limite de 3% autorisée par la Commission européenne.