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Le ministre français de l'Économie affirme dans un entretien publié jeudi soir que Paris souhaite que les règles du pacte de stabilité européen soient, comme en 2020, également suspendues en 2021, face à l'ampleur de la crise du Covid-19.
La France souhaite que les règles de discipline budgétaire entre membres de l'Union européenne, suspendues pour 2020 face à la crise du Covid-19, le soient aussi l'année prochaine, a déclaré le ministre de l'Économie Bruno Le Maire au Figaro.
"Rien ne serait pire que de relancer la machine économique tout en appuyant sur le frein des dépenses publiques. C'est une erreur qui a été commise en 2009 et que nous ne commettrons pas à nouveau", a affirmé Bruno Le Maire dans cet entretien publié jeudi soir par le quotidien français.
Ce dernier n'a en revanche pas repris à son compte dans l'immédiat la proposition de la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, qui a appelé en début de semaine à "moderniser" le pacte de stabilité et de croissance et à ne pas le remettre en place tel qu'il était avant la crise.
Ce pacte fixe les règles budgétaires aux États ayant adopté la monnaie unique européenne – notamment le respect d'un déficit public inférieur à 3 % du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays membre de la zone euro. Le 20 mars, l'UE a annoncé la suspension de ces règles budgétaires, une mesure inédite face aux conséquences économiques du coronavirus.
L’Europe "ne peut être construite que sur la solidarité"
Christine Lagarde avait en outre salué le projet de relance de 500 milliards d'euros proposé lundi par le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, qui doit encore néanmoins recevoir l'onction des autres membres de l'Union, dont certains renâclent.
"L'Autriche, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark ont exprimé leurs réserves. Pourtant, les économies de ces États bénéficient du marché unique : c'est donc leur intérêt que l'économie redémarre chez tous leurs partenaires en Europe", a plaidé le ministre de l’Économie.
"Ce redémarrage dépendra de la puissance du plan de relance. Lever de la dette en commun est l'instrument le moins cher, parce que les taux sont faibles et que nous rembourserons la dette sur une longue durée, supérieure à dix ans. C'est donc bien la solution la plus frugale", a-t-il ajouté.
"L'Europe ne peut pas être construite sur les seuls intérêts nationaux, elle ne peut être construite que sur la solidarité", a encore affirmé Bruno Le Maire.
Enfin, dans le domaine fiscal, le ministre a réitéré son souhait d'un "accord international sur la taxation des géants du numérique, qui sortent renforcés de la crise, de mettre en place une taxation minimale à l'impôt sur les sociétés pour lutter contre l'optimisation fiscale et d'instaurer une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne".
Avec AFP