![Vivement interpellé, Emmanuel Macron promet d'"investir" dans l'hôpital public Vivement interpellé, Emmanuel Macron promet d'"investir" dans l'hôpital public](/data/posts/2022/07/25/1658737201_Vivement-interpelle-Emmanuel-Macron-promet-d-investir-dans-l-hopital-public.jpg)
Lors d’une visite à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, vendredi, le président français a reconnu "une erreur de stratégie" dans la réforme de l’hôpital public. Emmanuel Macron a aussi dit vouloir "mettre fin" à la "paupérisation" des personnels soignants, en première ligne ces dernières semaines face à la pandémie de Covid-19.
Face à face tendu avec le personnel soignant. Emmanuel Macron s’est rendu, vendredi 15 mai, à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. "On est désespérées, on ne croit plus en vous", a lancé une infirmière au chef de l'État, qui a passé la matinée dans cet hôpital où il s'était déjà rendu le 27 février, au début de la crise sanitaire causée par le nouveau coronavirus, a constaté une journaliste de l'AFP.
Accompagné de son ministre de la Santé Olivier Véran, il a participé à une table ronde avec des médecins, une autre avec des syndicats avant de visiter une unité de dépistage Covid. Vivement interpellé sur le manque de moyens de l'hôpital public, les masques manquants ou défaillants, le président a affirmé sa volonté de "mettre fin" à la "paupérisation" des personnels soignants.
"On veut du flouze, du pèze, de la fraîche, on veut de l'argent. C'est pas 300 euros qu'il faut, c'est bien plus pour garder notre personnel. En réanimation, les deux tiers des effectifs partent", lui a lancé une infirmière des urgences, très remontée.
Fin mars, Emmanuel Macron avait promis "un plan massif d'investissement et de revalorisation" pour l'hôpital à l'issue de la crise. Et annoncé une prime exceptionnelle de 500 à 1 500 euros, parue vendredi au Journal Officiel.
"Il y a des collègues, héros de la Nation, qui sont en train de se dire, est-ce qu'elles vont manger, est-ce qu'elles vont payer leur loyer (...) Qu'est-ce que vous allez faire ? Vous allez embaucher ?" lui a demandé une autre infirmière à la Pité-Salpêtrière. "On sera au rendez-vous", a affirmé avec force le chef de l'État.
"On a sans doute fait une erreur dans la stratégie" pour l'hôpital public
Plus tôt dans la matinée, les médecins avaient déjà longuement témoigné de leurs conditions de travail dégradées. "Monsieur le Président, vous avez suscité un magnifique espoir chez les gens, un retour en arrière ne sera pas accepté", a lancé la Pr Dominique Thabut, cheffe de service hépatologie. "Il faut un choc salarial", a ajouté le Pr Thomas Similowski, chef du service de pneumologie.
Promettant de "mettre fin à cette paupérisation", Emmanuel Macron est revenu sur la réforme du système de santé engagée il y a deux ans. "On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée" car elle ne "portait pas assez de sens" et avait une "ampleur" et un rapport au temps "pas du tout suffisants compte tenu de l'état où était l'hôpital", a-t-il affirmé.
"J'étais convaincu qu'on était en train de changer les choses" et "c'est très cruel pour moi-même", a-t-il ajouté, jugeant que "c'était une super stratégie mais à faire dix ans plus tôt". Mais "je n'ai pas envie non plus qu'on revienne à l'étape d'avant", a souligné le président français, insistant sur l'importance de réorganiser l'hôpital public.
C'est pourquoi "oui, on va investir", a promis le chef de l'État qui a affirmé avoir "demandé au ministre un travail express" de concertation, qui commencera la semaine prochaine avec les organisations syndicales.
Revendications salariales et "journée nationale de mobilisation"
Les syndicats, il les a rencontrés dans la foulée, lors d'une réunion où la CGT a demandé "300 euros d'augmentation" et la CFDT une "reconnaissance pérenne par la revalorisation de la grille salariale dans tous les métiers".
"Nous entrons dans une dynamique de réforme de notre hôpital public, avec un volet rémunération et carrière, un volet investissement, un volet gouvernance et réforme", a ensuite affirmé Emmanuel Macron, parlant d'un "Ségur" en référence aux concertations lancée en 1968 sous le nom de "Grenelle".
Plusieurs syndicats et collectifs hospitaliers ont indiqué, vendredi, réfléchir à une "journée nationale de mobilisation" pour l'hôpital public. Cette journée de mobilisation pourrait avoir lieu "mi-juin", ont précisé dans un communiqué commun ces syndicats, parmi lesquels l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), la CGT et les Collectifs Inter-hôpitaux (CIH) et Inter-urgences, à la pointe de la mobilisation pour demander davantage de moyens et de lits à l'hôpital public depuis plus d'un an.
Avec AFP