À cause de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus, les États-Unis entrent dans une récession économique historique en 2020 après dix ans de croissance ininterrompue. Le PIB américain a chuté de 4,8 % au premier trimestre, selon une estimation du département du Commerce publiée mercredi.
La pandémie de Covid-19 a mis un terme à dix ans de croissance économique ininterrompue aux États-Unis. Selon la première estimation préliminaire du département du Commerce, publiée mercredi 29 avril, le PIB américain a chuté de 4,8 % au premier trimestre en rythme annuel.
Il s’agit d’une récession historique, jamais vue depuis 2008, provoquée par la crise liée au nouveau coronavirus, qui a déjà fait plus de 58 000 morts dans le pays, bilan dépassant désormais le nombre de soldats américains tués en deux décennies lors du conflit au Vietnam.
Cette baisse de 4,8 % est un peu plus forte qu'attendu, les analystes tablant à l'origine sur un recul de 4,3 %.
Les États-Unis ont connu une croissance de 2,3 % en 2019 et le président Donald Trump, qui avait fait de la bonne santé de son économie un argument dans sa course à la réélection, visait 3 % par an.
Le deuxième trimestre devrait connaître une chute bien plus forte. Ce n'est en effet qu'à la fin de ce trimestre que la première économie mondiale a été mise à l'arrêt progressivement, face à la progression du virus dans le pays.
L'étendue des dégâts ne sera visible qu'au deuxième trimestre
Ce recul "sera la partie émergée de l'iceberg", avait averti Kevin Hassett, le conseiller économique de Donald Trump, mardi matin sur CNN. Les mois à venir vont connaître des chutes "telles qu'elles ne ressembleront à rien de ce que vous avez déjà vu", a-t-il ajouté.
"L'ensemble des effets économiques de la pandémie de Covid-19 ne peut pas être quantifié dans l'estimation du PIB pour le premier trimestre de 2020", a averti le département du Commerce. L'étendue des dégâts provoqués par la pandémie de Covid-19 sur l'économie américaine ne sera en effet visible qu'à partir du mois d'avril.
Un décalage qui s'explique principalement par le fait que les mesures massives de confinement visant à lutter contre la propagation du virus ont été prises dans la deuxième partie du mois de mars seulement.
Le confinement a "entraîné des changements rapides de la demande, car les entreprises et les écoles sont passées au travail à distance ou ont annulé leurs activités et les consommateurs ont annulé, restreint ou réorienté leurs dépenses", relève le département du Commerce.
Écoles, bars, restaurants, commerces et établissements jugés non indispensables ont progressivement dû mettre leur activité en pause, et en cinq semaines, plus de 26 million de personnes se sont inscrites au chômage. Un chiffre inédit.
CBO has released preliminary projections of key economic variables through 2021, including the effects of recent legislation. CBO has also developed a preliminary assessment of federal budget deficits in fiscal years 2020 and 2021. Read more: https://t.co/J5SDHvkhwf pic.twitter.com/wUK9MJZU6V
— U.S. CBO (@USCBO) April 24, 2020La dernière plus forte chute du PIB remonte à 2008
Cette chute de 4,8 % est la plus importante depuis le 4e trimestre 2008, alors que les États-Unis s'enfonçaient dans la crise économique. La chute avait alors été de 8,4 %. Après un an et demi de récession, la croissance était revenue fin 2009.
Les prévisions pour le deuxième trimestre sont encore plus préoccupantes. Le PIB pourrait chuter de 11,8 % par rapport au premier trimestre, ce qui représenterait une baisse de 39,6 % par rapport au deuxième trimestre de 2019, selon le CBO.
La vitesse et l'ampleur de la reprise de l'activité économique est encore incertaine. Pour limiter l'impact de la crise sanitaire, et la casse au niveau économique, certains États comme la Géorgie ou le Texas ont déjà autorisé la réouverture des commerces. L'assouplissement du confinement se fera ainsi État par État.
Certains secteurs se trouvent particulièrement affectés par la paralysie de l'économie. C'est notamment le cas du transport aérien, pour lequel un retour au niveau de 2019 pourrait prendre plusieurs années.
Avalanche de mesures de la Fed
Pour assurer une reprise "aussi robuste que possible" de l'économie, la Banque centrale américaine n'a pas lésiné depuis deux mois. Elle a dégainé tous ses outils classiques de temps de crise, et en a créé d'autres, afin de rassurer les marchés et de donner une bouffée d'air aux entreprises et aux ménages.
Et elle a promis mercredi de continuer à les utiliser "de manière agressive", estimant que l'économie "aura sans doute besoin de plus de soutien" que les mesures déjà prises, qui sont pourtant sans précédent.
Il faudra piocher largement dans l'argent public, selon son patron Jerome Powell. "C'est le moment d'utiliser la grande puissance budgétaire des États-Unis pour soutenir l'économie et essayer de traverser (cette crise) avec le moins de dommages possible sur les capacités de production à long terme de l'économie", a-t-il avancé. Fini l'orthodoxie budgétaire, la réflexion sur le déficit viendra après.
Le comité monétaire de la Fed a par ailleurs maintenu les taux directeurs dans une fourchette de 0 à 0,25 %, et les y laissera jusqu'à ce qu'il soit convaincu que l'économie "a survécu" à cette crise.
Avec AFP