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Isolé, le régime putschiste rappelle les médiateurs de l'OEA

Face aux critiques internationales, le président putschiste hondurien, Roberto Micheletti, s'est montré disposé à abroger l'état d'urgence et à accueillir la médiation de l'Organisation des États américains qu'il avait expulsée dimanche.

AFP - Le président putschiste du Honduras, Roberto Micheletti, s'est dit prêt lundi soir à "abroger" son décret qui restreint les libertés, au moment où son rival Manuel Zelaya appelait la communauté internationale à "restaurer l'état de droit" dans le pays.

M. Micheletti a fait un autre pas en avant en renouvelant son invitation à des membres d'une mission de médiation de l'Organisation des Etats américains (OEA) qu'il avait fait expulser la veille du Honduras, ce qui lui avait valu de dures critiques de la communauté internationale.

   
Le président putschiste s'est dit disposé à "abroger" le décret limitant la liberté de réunion, de circulation ou de presse pendant 45 jours. Il va réunir le conseil des ministres à cet effet, "pour ne pas affecter les élections (législatives et présidentielle, ndlr) prévues le 29 novembre", a-t-il expliqué en conférence de presse.

Le gouvernement de M. Micheletti a également renouvelé son invitation à une mission de médiation de l'OEA au Honduras à partir du 2 octobre, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qui précise qu'il invite la Commission des ministres des Affaires étrangères du continent américain à venir le mercredi 7.

Cinq diplomates avaient été "arrêtés" dimanche pendant six heures à leur arrivée à l'aéroport de Tegucigalpa et quatre d'entre eux avaient été expulsés, a déclaré à l'AFP le seul membre de l'équipe resté au Honduras, le Chilien John Biehl.

Parallèlement, le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, a appelé lundi soir l'ONU à "restaurer l'état de droit" dans son pays et à assurer sa sécurité.

M. Zelaya, qui est réfugié à l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa assiégée par les forces du gouvernement putschiste, s'est adressé à l'Assemblée générale des Nations unies par le biais d'un téléphone cellulaire que sa ministre des Affaires étrangères, Patricia Isabel Rodas Baca, a tenu près d'un micro.

"Si quiconque avait le moindre doute qu'une dictature est en train de s'installer dans mon pays, je pense que maintenant, avec ce qui s'est passé au cours de 93 derniers jours de répression, ces doutes ont dû s'évaporer," a-t-il poursuivi.

Les déclarations de MM. Micheletti et Zelaya constituent un nouveau rebondissement dans la crise politique de ce petit pays pauvre d'Amérique centrale, après la fermeture par la police et les militaires des deux principaux médias d'opposition au gouvernement putschiste, la Radio Globo et la chaîne 36 de télévision.

La police avait également empêché la tenue d'une manifestation de centaines de partisans de Manuel Zelaya, coupant la route de leur cortège.

Washington a rappelé à l'ordre M. Zelaya dans la journée, qualifiant son retour clandestin au Honduras d'"irresponsable et idiot", selon les déclarations d'un des représentants des Etats-Unis à l'OEA, Lewis Amselem. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait estimé le jour du retour de M. Zelaya au Honduras que cela constituait au contraire une chance de résoudre la crise politique.

M. Amselem a critiqué l'expulsion des diplomates de l'OEA, la qualifiant d'"insulte à la communauté internationale", tandis que le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, l'a qualifiée de "gifle à la communauté internationale".

La veille, le gouvernement Micheletti avait menacé le Brésil de se voir retirer le statut diplomatique de son ambassade.

Les 33 membres du Conseil permanent de l'OEA se sont séparés lundi sans déclaration finale sur le Honduras en raison de désaccords sur la question de savoir s'ils devaient ou non reconnaître le vainqueur des élections prévues le 29 novembre ou sur quel type de condamnation prononcer contre le gouvernement de facto.