En temps normal, le transport aérien et l’industrie du plastique ont un fort impact sur l'environnement. Avec la crise, leur image a changé : le plastique à usage unique se pose en bouclier face à la propagation de la pandémie de coronavirus, tandis que l'aviation, symbole de la propagation du virus, est appelée à se réformer. Grandes gagnantes ou grandes perdantes, comment ces industries traversent-elles cette crise qui brouille les lignes ?
Le secteur aérien mondial est dans une tourmente sans précédent. Début avril, le nombre de vols était en basse de 80% par rapport à 2019 et l’industrie prévoit 290 milliards d'euros de manque à gagner en 2020. Alors que le PDG de Lufthansa annonce perdre un million d'euros par heure, l'association internationale du transport aérien (IATA) évoque 25 millions d'emplois menacés si les restrictions de voyage actuelles durent trois mois de plus.
"Si nous ne recevons pas d’aide de la part des États, la principale conséquence sera la faillite d’un très grand nombre de compagnies aériennes", explique Alexandre de Juniac, directeur général de IATA dans un entretien accordé à Élément Terre. Selon lui, la survie de bon nombre de compagnies à trois ou six mois va dépendre de l'aide qu'elles recevront.
Mais les militants environnementaux ne l’entendent pas de cette oreille. Une campagne internationale est lancée, #SavePeopleNotPlanes (Sauver les gens, pas les avions) et appelle toute aide financière à être assortie de conditions environnementales.
C’est aussi l’avis de Jean-Marc Jancovici, membre du Haut Conseil pour le Climat : "Cela fait longtemps que l’on pense que le secteur aérien devrait limiter ses émissions, mais il ne fait rien. C’est le moment de lui demander des contreparties". Ces dernières pourraient inclure, selon lui, des plans de développement "qui ne supposent pas une croissance des émissions de CO2", mais aussi la fermeture de certaines lignes, la mise en service "d'avions à hélice", qui consomment beaucoup moins, ou encore exiger un taux de remplissage minimum, "sans quoi les avions ne voleraient pas".
Le "come-back" du plastique
Un autre secteur est en train de redorer radicalement son image avec la crise : le plastique. Il y a quelques mois, il était paria, la matière à éliminer. Avec la lutte contre la pandémie de Covid-19, le plastique à usage unique est devenu synonyme d'hygiène, avec les masques en polypropylène, les fioles de gel hydro-alcoolique ou encore les gants.
"Les consommateurs se tournent à nouveau vers cette matière : les emballages en plastique, en particulier, sont extrêmement importants pour sécuriser la chaîne alimentaire", explique Alexandre Dangis, directeur général d’EuPC, Confédération européenne de la plasturgie. En ces temps de crise, l’industrie suggère aux États d’assouplir, voire de lever, les règles anti-plastique.
Mais les ONG voient rouge. "Il s’agit d’une réponse opportuniste face à la pandémie. La plupart d’entre nous s'inquiètent de l’impact du Covid-19 sur notre santé, nos familles et nos finances et pendant ce temps, l’industrie du plastique se nourrit de cette peur pour remettre ses idées pro-plastique à l’ordre du jour!", dénonce Ivy Schlegel, spécialiste de la recherche à Greenpeace.