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Avancées thérapeutiques sur le Covid-19 : "Il y a une multiplicité d'essais cliniques"

Invité sur France 24, Jean Mariani, médecin et professeur émérite à Sorbonne Université, a fait le point jeudi sur les essais thérapeutiques en cours et les traitements actuellement utilisés pour soigner le Covid-19.

Alors que la France entre jeudi dans son 24e jour de confinement, Jean Mariani, médecin et professeur à la faculté de médecine de la Sorbonne, a passé en revue jeudi sur France 24 les différents essais thérapeutiques et traitements utilisés pour lutter contre le Covid-19.

"Il y a une multiplicité d'essais cliniques qui ont tous des cibles différentes", résume-t-il, avant de rappeler qu'un vaccin, "meilleure solution" contre l'éradication du Covid-19 selon lui, ne sera pas disponible "avant plusieurs mois, un an voire un an et demi".

En attendant la mise en vente d'un vaccin, il existe des médicaments appelés antiviraux qui pourraient aider à soigner les patients atteints du Covid-19. Ces antiviraux "font l'objet d'un essai thérapeutique combiné baptisé Discovery en Europe", commente Jean Mariani.

Le directeur de l'Institut de la longévité cite également "l'utilisation d'anticorps chez les sujets qui ont été infectés". Il s'agit de la "plasmathérapie", qui vise à injecter les anticorps d'un ancien malade dans le corps d'une personne atteinte par le Covid-19.

Autre solution : "le traitement symptomatique", selon Jean Mariani. Destiné surtout à soigner les formes sévères de la maladie, il consiste à essayer de "faire survivre les patients le plus longtemps possible en soins intensifs, parfois avec un passage très difficile en restant en incubation et respiration artificielle", explique-t-il.

"Pas de vrai traitement"

Selon le médecin, des recherches sont en cours pour améliorer ce type de traitement. "Pour augmenter les survies, il y a la possibilité d'agir en utilisant les données de la recherche sur la biologie du vieillissement", affirme Jean Mariani. Le but est ainsi de "trouver une classe de médicaments pour augmenter la résilience" du patient, que le professeur définit comme "la capacité d'un individu à résister à des agressions".

Les expérimentations sont aussi en cours sur des tests sérologiques. L'objectif est de "trouver les anticorps qui témoignent que l'individu a été infecté et qu'il est protégé", d'après Jean Mariani. "Le problème, c'est qu'on a besoin de temps car même quand des tests de détection des anticorps sont produits, il est fondamental de vérifier leur fiabilité."

"Actuellement, cette fiabilité n'est pas totalement établie (...). On ne peut pas se permettre de ne pas avoir, en particulier dans le cadre d'un dépistage massif, de tests extrêmement fiables", pointe le spécialiste. Il prend l'exemple de l'Espagne "qui a commandé plusieurs centaines de milliers de tests en Chine qu'elle a été obligée de jeter parce qu'il n'étaient pas fiables".

Avant de traiter les patients, Jean Mariani rappelle ainsi qu'il faut "dépister les sujets infectés, les séparer des sujets sains et ensuite éventuellement les traiter". Or, d'après lui, "actuellement, on n'a pas de vrai traitement", ce qui explique que le confinement ait été choisi comme une solution provisoire "inévitable".

Jean Mariani insiste ensuite sur une erreur fatale dans la gestion de la crise : la précipitation. "Cette pandémie va très vite mais cette urgence ne doit pas faire oublier qu'il faut démontrer par la médecine l'efficacité d'un certain nombre de traitements."