Le camp du Premier ministre sortant José Socrates, candidat à un second mandat, a remporté les élections législatives dimanche. Le Parti socialiste ne parvient toutefois pas à conserver sa majorité absolue au Parlement.
AFP - Les socialistes portugais ont remporté dimanche les élections législatives ouvrant la voie à la reconduction du Premier ministre sortant José Socrates, qui se retrouve toutefois privé de sa majorité absolue, selon des résultats officiels quasi-complets.
Sur les 230 élus du parlement, seuls restent à attribuer les sièges des quatre députés de l'étranger, qui ne seront connus que le 7 octobre.
Sur les 226 sièges pourvus, le PS en a gagné 96, contre 78 pour le Parti social-démocrate (PSD), principal parti d'opposition de centre-droit.
La droite populiste du Centre démocratique et social (CDS-PP) devient la troisième force politique du pays avec 21 élus.
L'ensemble de la gauche antilibérale enregistre également une forte poussée avec 31 élus: l'extrême gauche du Bloc de gauche obtient 16 députés, devant la Coalition démocratique et unitaire (CDU) des communistes et verts (15 sièges).
"Le Parti socialiste a de nouveau été choisi pour gouverner le Portugal. Il a été choisi sans ambiguïté", a déclaré José Socrates devant un parterre de militants enthousiastes réunis dans un grand hôtel de Lisbonne.
Evoquant une "victoire électorale extraordinaire" intervenue "dans des circonstances très difficiles", le leader socialiste a considéré qu'il s'agissait de "la victoire d'un programme de réformes, de modernisation et de justice sociale".
En février 2005, le PS avait été élu avec une très large majorité absolue de 121 sièges mais, après quatre ans de mandat, avait été sévèrement battu aux européennes de juin, marquées par une forte progression de la gauche antilibérale.
Depuis lors, José Socrates s'était attaché à ancrer son discours à gauche pour tenter de reconquérir son électorat déçu.
Accusé d'"arrogance" voire d'"autoritarisme", il a admis un "manque de délicatesse" dans la gestion de certains dossiers.
Défenseur d'un socialisme "rénové et pragmatique", il a défendu sa politique de réformes structurelles et de rigueur budgétaire, affirmant qu'elle avait permis de "moderniser le pays" et de "mieux résister à la crise".
Critiqué pour son bilan social, il a promis de faire de l'emploi sa priorité, alors que le Portugal vient de passer la barre des 500.000 chômeurs.
Interrogé dimanche soir par la presse sur la "possibilité d'une coalition", exclue avant le scrutin par l'ensemble de l'opposition de gauche comme de droite, M. Socrates a répondu qu'il était "tôt pour en parler".
Rappelant les "procédures institutionnelles", il a souligné qu'il fallait "attendre la désignation du nouveau Premier ministre" par le chef de l'Etat Anibal Cavaco Silva. "Ensuite, a-t-il dit, je consulterai toutes les formations parlementaires. C'est ce qui correspond à la volonté du peuple portugais."
"Le pays affronte des défis sérieux. Cette législature mérite la stabilité", a-t-il ajouté.
Avant lui, Manuela Ferreira Leite, une ex-ministre de 68 ans surnommée la "dame de fer", s'était engagée à mener une "opposition responsable", invoquant elle aussi "les difficultés que connaît le pays".
Le Portugal a déjà connu plusieurs gouvernements minoritaires. Un seul, dirigé par le socialiste Antonio Guterres de 1995 à 1999, était allé au terme de son mandat.
Le taux d'abstention de 39,4% enregistré dimanche constitue un record absolu pour des législatives depuis l'avènement de la démocratie au Portugal en 1974, mais cette faible participation était tempérée par les commentateurs par le fait que, depuis l'an dernier, l'enregistrement sur les listes électorales n'est plus volontaire mais est devenu automatique.