Dans la presse, ce mardi 10 mars, la décision sans précédent du gouvernement italien d’étendre les mesures de confinement prises initialement pour les régions du Nord à tout le pays. Et le krach boursier mondial d’hier, dans le sillage des prix du pétrole et du coronavirus.
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Dans la presse, ce matin, cette décision sans précédent, en Italie, le pays le plus touché au monde par le coronavirus après la Chine : l’extension des mesures d’isolement, à tout le territoire.
«Tutti in casa» (Tout le monde à la maison). La Repubblica annonce un «traitement de choc» national : la limitation stricte, dès ce matin, des déplacements de 60 millions d’Italiens, qui ne pourront sortir de chez eux qu’en cas d’impératif professionnel, pour les stricts besoins de la vie quotidienne, ou en cas d’urgence, pour des raisons de santé. D’après Il Manifesto, le président du Conseil Giuseppe Conte a aussi décidé d’annuler tous les événements sportifs nationaux, dont le championnat de football, pour au moins trois semaines. Les mesures draconiennes imposées en Italie, amènent Il Fatto Quotidiano à regarder ce qui se passe ailleurs : pendant ce temps-là, note le journal, «Donald Trump minimise (la gravité de l’épidémie), en déclarant que l’année dernière, la grippe a tué 37 000 personnes aux Etats-Unis, que la vie quotidienne et l’économie doivent continuer d’aller de l’avant», et «Emmanuel Macron va au théâtre» - allusion à sa sortie, la semaine dernière, du président français dans une salle parisienne.
Les mesures d’isolement ont d’abord été imposées dans le seul Nord de l’Italie. Sous cloche depuis dimanche, Milan, la capitale économique du pays, est aussi le lieu de résidence de nombreuses personnalités, qui témoignent dans le Corriere della Sera de la façon dont ils vivent cette période de confinement. L’occasion pour le styliste Girogio Armani, de faire cette belle déclaration d’amour à sa ville : «J 'ai choisi Milan dans ma jeunesse, à l’époque où sa reconstruction effaçait les décombres de la guerre. J'ai choisi Milan dans les années 70 lorsque le terrorisme semblait ne laisser aucun répit. Depuis mon premier studio, un deux pièces au rez-de-chaussée de Corso Venezia, j’entendais passer les processions alors que j'essayais d'imaginer le prêt-à-porter et la nouvelle société qui l'aurait interprété. J'ai choisi Milan pour construire la vie et le travail, le privé et le public. Et je continue de choisir Milan car même quand elle tremble, elle ne se laisse pas submerger».
La propagation du coronavirus est en partie responsable de l’effondrement des prix du pétrole, dont la baisse a entraîné hier à son tour la chute des bourses mondiales. Avec un plongeon de plus de 7,5%, Wall Street a enregistré hier sa plus grosse dégringolade depuis 2008, selon The Wall Street Journal, qui explique ce «chaos» par «le bras de fer entre l’Arabie saoudite et la Russie et la décision de Riyad de baisser drastiquement les prix du pétrole après l'échec de ses négociations avec Moscou sur la stratégie à adopter pour faire face à la baisse de la demande mondiale. Très remonté, le quotidien financier américain accuse le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman, dit «MBS», de «nuire aux intérêts de son propre pays en nuisant à ceux de son principal bienfaiteur géopolitique, les Etats-Unis». Le journal demande même au président Trump de «prendre son téléphone pour rappeler à MBS quel pays le soutient dans sa guerre au Yémen, dans sa confrontation avec le Qatar, et face aux attaques de missiles iraniens». «MBS», dont la décision de déclencher une «guerre des prix du pétrole», est aussi très critiquée par The Financial Times. D’après le quotidien financier britannique, le président américain a réagi hier à la chute des cours en soutenant que la baisse des prix du carburant était «une bonne nouvelle pour les consommateurs» - à rebours des experts cités par le journal, qui estiment, eux, que la plongée des bourses mondiales entraîne un risque de récession aux Etats-Unis et dans l’eurozone «dans les six mois à venir».
«Lundi noir : les cours du pétrole plongent, et le virus provoque l’effondrement des marchés». Le quotidien saoudien Arab News cite d’autres experts, nettement plus optimistes, d’après lesquels «le carnage dans le secteur pétrolier ne conduira pas nécessairement à une crise financière». Le quotidien arabophone Asharq Al Awsat critique, lui, le refus de la Russie, de baisser sa production, en accusant Vladimir Poutine, de chercher à profiter du «chaos» pour gagner des parts de marché, au détriment des autres producteurs de pétrole.
La crise financière de 2008 est dans tous les esprits. Le quotidien économique français Les Echos dit toutefois ignorer si la crise actuelle sera aussi «grave, violente, meurtrière, durable. Ou pas» - une incertitude face à laquelle il n’y aurait qu’une seule réponse possible : «une action forte et coordonnée des grandes puissances, en particulier européennes». «Une guerre du pétrole qui s’immisce au sein de la crise du coronavirus : c’est trop pour un seul monde, déjà plein d’incertitudes», écrit le quotidien L’Opinion, se disant déconcerté par les réactions des puissants de la planète : «Alors qu’on attend une concertation et des décisions mûries entre pilotes expérimentés pour éviter la récession, les stewards s’empoignent pendant que l’avion tangue de plus belle».
«La crise du coronavirus devrait provoquer un tournant vers un capitalisme à visage humain, par une réponse d’unité globale» : à Hong Kong, The South China Morning Post appelle les dirigeants mondiaux, notamment américains, chinois, européens et japonais, à se mettre d’accord sur une sorte de «plan Marshall coordonné», pour éviter la récession et augmenter la croissance : «étant donné la taille des budgets militaires, les ressources pour une telle stratégie sont disponibles , plaide le journal. L’effet domino du coronavirus - à voir pour terminer avec un dessin de Dave Brown, pour The Independent, montrant le gros taureau de Wall Street paniqué, attrapé au lasso par le petit virus, qui semble pouvoir le transformer à lui seul… en vache folle.
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