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Après avoir décidé fin février d'ouvrir ses frontières vers l'UE, le président turc Recep Tayyip Erdogan a finalement donné l'ordre aux services de gardes-côtes d'empêcher les migrants de traverser la mer Égée.

Des milliers de migrants ont afflué à la frontière gréco-turque depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré, le 28 février, que son pays ne les empêcherait plus de tenter de passer en Europe. Le chef d'État est finalement revenu sur cette décision.

Les médias turcs ont rapporté samedi 7 mars qu'il avait donné l'ordre aux services de gardes-côtes d'empêcher les migrants de traverser la mer Égée.

"Sur ordre du président (...) aucune autorisation ne sera donnée aux migrants de traverser la mer Égée en raison des dangers de cela comporte", a indiqué le corps des gardes-côtes cité par l'agence d'information Anadolu.

De nouveaux heurts ont opposé samedi, pendant plusieurs heures, la police grecque et les migrants massés à la frontière avec la Turquie. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour repousser les migrants qui tentaient de franchir les grilles au poste-frontière de Pazarkule (appelé Kastanies côté grec). Ceux-ci leur jetaient des pierres et criaient "ouvrez les portes", selon des journalistes de l'AFP sur place.

L'UE a de son côté adressé vendredi un message dissuasif aux migrants : "N'allez pas à la frontière. La frontière n'est pas ouverte", a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Recep Tayyip Erdogan avait annoncé l'ouverture des frontières turques aux migrants après la mort de plusieurs dizaines de soldats turcs dans un bombardement aérien en Syrie. Depuis, les forces de sécurité grecques disent avoir empêché 39 000 personnes de traverser la frontière. La Turquie affirme que le chiffre réel est plus de trois fois supérieur.

La Grèce et la Turquie se déchirent sur la question migratoire

Ankara et Athènes échangent continuellement des accusations concernant les migrants, les Turcs dénonçant la brutalité des Grecs à l'encontre des migrants, les Grecs accusant la Turquie de les pousser, et même de les aider, à passer en Grèce.

Mais Athènes se défend "d'user d'une force excessive" contre les migrants. La Grèce n'a fait "que réagir aux provocations qui ont eu lieu à la frontière", a affirmé son Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, sur CNN.

La Turquie avait accepté en 2016 de ne plus laisser les migrants passer sa frontière avec l'Europe en échange de 6 milliards d'euros. Mais Ankara estime que d'autres termes de l'accord avec l'UE, dont la facilitation de visas et la mise en place de certaines règles commerciales, n'ont pas été respectés.

Une aide financière jugée insuffisante par Ankara

Ankara proteste également contre l'insuffisance de cette aide pour faire face au coût des 4 millions de migrants et de réfugiés, principalement Syriens, qu'elle accueille depuis plusieurs années. Or, ce coût a encore augmenté depuis l'offensive du régime syrien, appuyé par Moscou. Les combats se sont intensifiés en décembre dans la province d'Idleb, dernier bastion rebelle en Syrie, provoquant une catastrophe humanitaire, avec près d'un million de personnes déplacées.

Les Européens, qui avaient proposé un milliard d'euros supplémentaire d'aide qu'Ankara a refusé, voient pour leur part dans la décision d'Ankara d'ouvrir les vannes un chantage politique pour obtenir un soutien occidental aux opérations turques en Syrie.

Avec AFP