Le 6 novembre 2004, à Bouaké, en Côte d’Ivoire, neuf militaires français sont tués dans le bombardement de leur camp. De violentes émeutes s’ensuivent. La France accuse le président ivoirien Laurent Gbagbo qui, lui, dénonce une sombre manipulation de Paris pour le renverser. Quinze ans plus tard, un procès s’ouvre à Paris pour tenter de lever le voile sur cet épisode sombre des relations entre la France et son ancienne colonie. France 24 vous révèle la couche de mystères qui l’entoure.
Deuxième ville de Côte d'Ivoire, Bouaké a été le théâtre, en 2004, d'un épisode charnière de la décennie de crise ivoirienne. Le 6 novembre 2004, neuf soldats français ont péri dans un bombardement de l'armée ivoirienne, un dossier qui garde de nombreuses zones d'ombre. Des zones d'ombre que tentera de lever le procès qui se tiendra à Paris à partir du 17 mars contre les auteurs présumés du bombardement, mais en leur absence.
À l'époque, le pays était scindé en deux depuis 2002 et la tentative de la rébellion – favorable à Alassane Ouattara – de renverser Laurent Gbagbo. Dans un contexte tendu, la France avait déployé la mission Licorne, officiellement pour protéger les ressortissants français et tenter de stabiliser le pays.
Deux jours avant le bombardement, les forces de Laurent Gbagbo lancent une offensive pour tenter de reprendre Bouaké et le Nord. Le 6 novembre 2004, le bombardement qui a coûté la vie aux soldats français est mené par deux avions de chasse Sukhoï de l'armée pro-Gbagbo, pilotés par deux mercenaires biélorussses. L'armée française riposte en détruisant la plus grande partie de l'aviation ivoirienne, ce qui conduit à l'échec de l'offensive des troupes loyalistes, privées de soutien aérien.
Procès en l'absence des accusés
Après des années de procédure, la justice française a abandonné en mai 2019 les poursuites contre trois anciens ministres, Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin et Michel Barnier.
Il reste toutefois encore une action en cours contre un ex-mercenaire biélorusse, Yury Sushkin, et deux officiers ivoiriens, Patrice Ouei et Ange Magloire Ganduillet Attualy, accusés d'avoir piloté ou copiloté les deux avions Sukhoï qui ont bombardé le camp. Ils seront jugés à partir du 17 mars par la Cour d'assises de Paris pour "assassinats, tentatives d'assassinats et destructions de biens". Les trois ministres français seront entendus comme témoins. Mais les accusés, eux, seront absents : bien que visés par un mandat d'arrêt, ils n'ont jamais été remis à la France.