Le président haïtien Jovenel Moïse et son nouveau Premier ministre, Joseph Jouthe, ont appelé mercredi le gouvernement à travailler en urgence pour contrer la crise sécuritaire et humanitaire du pays.
Le nouveau gouvernement d'Haïti doit travailler en urgence à contrer la crise sécuritaire et humanitaire du pays dont les institutions démocratiques sont à la dérive. C'est en substance le message adressé mercredi 5 mars par le président haïtien, Jovenel Moïse, et son nouveau Premier ministre, Joseph Jouthe, à leur gouvernement.
"La situation est grave et nous n'avons pas beaucoup de temps ! Le peuple a faim et il a besoin de la sécurité ! Mettez-vous au travail rapidement !", a ordonné Jovenel Moïse lors de la cérémonie d'installation du nouveau cabinet ministériel, organisée au palais présidentiel.
"L'heure est grave : tout est urgent, tout est une priorité", a déclaré pour sa part Joseph Jouthe, désigné lundi au poste de Premier ministre.
Une crise institutionnelle qui dure
Haïti est plongée dans une crise politique intense depuis la démission, en mars 2019, du Premier ministre Jean-Henry Céant. Joseph Jouthe est le troisième chef de gouvernement que Jovenel Moïse nomme depuis ce départ.
Le pouvoir législatif n'a jamais ratifié aucun de ces choix, empêchant la prise de fonction d'un gouvernement. Les élections législatives n'ayant pas été organisées à l'automne 2019, le parlement est inopérant depuis janvier : la ratification de Joseph Jouthe et de son cabinet ne pourra donc être réalisée selon les règles constitutionnelles.
Face à cette crise politique, la pauvreté s'aggrave dans le pays des Caraïbes, plombé depuis des décennies par un chômage massif et une inflation désormais supérieure à 20 %.
Un tiers des habitants a aujourd'hui besoin d'une aide d'urgence, parmi lesquels un million d'Haïtiens sont en situation d'insécurité alimentaire sévère, échelon qui précède la situation de famine selon la classification utilisée par le Programme alimentaire mondial.
Dans ce contexte de crise socio-politique, Haïti enregistre depuis plusieurs semaines une recrudescence des enlèvements contre rançon, qui s'ajoutent à la violence habituelle des bandes armées dans les quartiers pauvres.
Mercredi, le président haïtien a affirmé qu'il fallait "dialoguer avec les bandes armées, les bandits, pour qu'ils puissent déposer les armes sinon leur place est en prison ou au cimetière".
Cette aggravation de la situation sécuritaire intervient alors que la police nationale d'Haïti (PNH), seule force de l'ordre déployée sur l'ensemble du territoire, est minée par des conflits internes.
Plusieurs manifestations d'agents de la PNH ont été organisées dans la capitale Port-au-Prince pour réclamer de meilleures conditions de travail, exigeant le droit de former un syndicat, qui assurerait la transparence dans les négociations avec leur hiérarchie.
Avec AFP