Le Parlement libanais a accordé sa confiance au gouvernement d'Hassan Diab, lors d'un vote en séance plénière mardi, dans une ambiance tendue. Les forces de sécurité libanaises ont dispersé à l'aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau des centaines de manifestants qui tentaient de perturber le vote.
Mardi sous tension au Liban. Malgré une très forte mobilisation de la rue, le Parlement, réuni en séance a accordé mardi 11 février, sa confiance au nouveau gouvernement formé par le Premier ministre Hassan Diab.
Après avoir étudié la feuille de route du gouvernement lors d'une séance marathon de huit heures, 63 députés sur les 84 présents dans l'hémicycle ont accordé leur confiance à la nouvelle équipe ministérielle, tandis que vingt ont voté contre et un seul député s'est abstenu, selon le décompte énoncé par le président du Parlement Nabih Berri.
Des centaines de manifestants, mobilisés dès l'aube à Beyrouth, ont tenté d'empêcher l'accès au Parlement des députés, estimant que l'exécutif ne répondait pas aux aspirations de la contestation. Le Liban est secoué depuis le 17 octobre par un mouvement de contestation inédit, qui fustige l'intégralité de la classe politique accusée de corruption et d'incompétence, dans un pays au bord de l'effondrement économique.
Les protestataires ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène et de canon à eau par les forces de sécurité libanaises, qui avaient renforcé leur dispositif aux abords du Parlement, avec notamment des murs en béton pour bloquer plusieurs routes du centre-ville.
Un nouveau gouvernement mais "pas de confiance"
Cela n'a pas empêché les manifestants de se rassembler à l'entrée de plusieurs avenues menant au Parlement, et des heurts ont éclaté sur l'une de ces voies. Sur une autre avenue, des manifestants se sont assis par terre pour couper la route qui pourrait être empruntée par les députés, mais l'armée est intervenue pour les évacuer. Un manifestant a indiqué à une télévision locale qu'ils avaient été frappés.
Malgré la mobilisation, des députés ont réussi à rallier le Parlement.
Selon des médias locaux, les manifestants ont bloqué le cortège d'un ministre, lançant des œufs sur son véhicule et scandant "démissionne, démissionne".
L'armée a estimé, sur Twitter, que "les actes de vandalisme et les atteintes aux propriétés publiques et privées entachent les revendications (de la contestation), ne permettent pas de concrétiser ces demandes, et ne représentent pas une liberté d'expression".
"Je suis là pour dire 'pas de confiance' à ce gouvernement, car la manière dont il a été formé fait qu'on ne peut pas lui faire confiance", estime Carole, mobilisée dans le centre de Beyrouth.
Les contestataires réclamaient un gouvernement de technocrates, totalement indépendants de la classe politique. L'équipe actuelle, qui comprend des figures inconnues du grand public, a été formée au terme de plusieurs semaines de tractations âpres entre les partis qui jouissent de la majorité au Parlement, à savoir le mouvement chiite du Hezbollah et ses alliés.
Avec AFP