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Zelaya "assiégé" par les forces de l'ordre à l'ambassade du Brésil

Les forces de l'ordre cernent l'ambassade du Brésil - privée d'eau, d'électricité et de téléphone - où Zelaya, président déchu du Honduras, s'est réfugié après son retour dans le pays. Micheletti s'engage à ne pas forcer l'entrée.

AFP - Manuel Zelaya, le président du Honduras chassé du pays par un coup d'Etat le 28 juin, était "assiégé" mardi par l'armée du gouvernement de facto à l'ambassade du Brésil où il a trouvé refuge lundi après être retourné clandestinement à Tegucigalpa.

Tandis que la communauté internationale appellait au "dialogue", le gouvernement de Roberto Micheletti, ex-président du Congrès qui a succédé à Zelaya après le coup de force, a réagi autoritairement au retour du président renversé.

Il a fermé les aéroports du pays, instauré un couvre-feu national d'abord jusqu'à mardi soir, puis l'a prolongé jusqu'à mercredi soir, et fait donner la troupe à l'aube pour chasser les quelque 4.000 partisans du président déchu qui ont passé la nuit devant l'ambassade.

Selon les déclarations à la presse de plusieurs associations, le gouvernement de facto aurait procédé à "des centaines" d'arrestations.

"Les arrestations sont massives", a affirmé Bertha Oliva, du Centre des familles de détenus et disparus du Honduras. "Les forces de police procèdent à de nombreuses arrestations", a renchéri Tirza Flores, de l'Association des juges pour la démocratie, de San Pedro Sula, deuxième ville du pays.

Selon la directrice du Centre pour la justice et le droit international (CEJIL), de Washington, Viviana Krstivecic, les arrestations se comptaient par "centaines".

L'intervention devant l'ambassade du Brésil a été décidée, selon M. Micheletti, parce que les partisans du président déchu "commençaient à incendier des voitures, à détruire des habitations et des commerces".

A grand renfort de gaz lacrymogènes et de coups de matraque, militaires et policiers ont vidé les abords. "Quatre blessés par balles ont été emmenés à l'hôpital", a affirmé un dirigeant des sympathisants de Zelaya.

Le gouvernement de M. Micheletti s'est engagé à ne pas forcer l'entrée de l'ambassade du Brésil, mais les forces de l'ordre cernent le bâtiment. "Personne n'entre ni ne sort", ont-elles déclaré à un correspondant de l'AFP.

Le bâtiment, où s'entassent quelque 300 personnes, est privée d'eau courante, d'électricité et de téléphone, et la nourriture commence à manquer.

M. Zelaya doit se livrer aux autorités ou être transféré à l'étranger par le Brésil, a déclaré Martha Lorena Alvarado, vice-ministre des Affaires étrangères de M. Micheletti.

Auparavant, M. Zelaya avait déclaré à l'AFP avoir pu "parler avec quelques policiers et militaires pour chercher une sortie à la crise" et "parvenir à la paix".

"Il s'instaure une dictature répressive et criminelle au Honduras, et il faut l'arrêter immédiatement", a-t-il dit, appelant "l'ONU à prendre des mesures immédiates".

Dans des déclarations à la station Radio Habana Cuba, Zelaya a demandé à Washington de "prendre des mesures concernant le commerce, parce que le Honduras dépend des activités commerciales" avec les Etats-Unis et "cela mettrait fin au coup d'Etat en moins de deux minutes".

Zelaya a reconnu que les Etats-Unis ont pris des mesures contre les "putschistes" comme la suspension de visas où le gel d'avoirs. Mais "on n'a pas encore mis fin au coup d'Etat", a-t-il ajouté.

L'Organisation des Etats américains (OEA), l'Union européenne, la communauté internationale dans son ensemble, ont appellé au "calme" et à la "négociation".

En face, M. Micheletti campe sur ses positions: le retour de M. Zelaya, a-t-il dit, a mis fin à la médiation entamée par le président du Costa Rica, Oscar Arias. M. Micheletti de toutes façons en rejetait le point central: le retour du président exilé à la tête d'un gouvernement d'union nationale.

"Je n'ai pas à rendre le pouvoir à Zelaya, il l'a perdu au moment où il a voulu modifier la Constitution", a-t-il ajouté.

M. Zelaya a été renversé alors qu'il préparait une consultation populaire pour pouvoir briguer un second mandat, ce qui est interdit par la Constitution.