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L'armée hondurienne a chassé les 4 000 partisans de Manuel Zelaya réunis devant l'ambassade du Brésil, où le président déchu a trouvé refuge. Le chef de l'État brésilien, Luiz Ignacio Lula da Silva, réclame l'ouverture de négociations.

REUTERS - La police et l'armée honduriennes ont dispersé plusieurs centaines de partisans du président déchu Manuel Zelaya mardi devant l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa, où le chef de l'Etat renversé par un coup d'Etat le 28 juin a trouvé refuge lundi après son retour dans le pays.


Un photographe de Reuters présent dans l'ambassade a déclaré que la police avait tiré plusieurs cartouches de gaz lacrymogène en direction des manifestants, dont deux au moins ont atterri dans l'enceinte de la mission diplomatique.


Vingt blessés au moins ont été soignés dans le principal hôpital de la capitale hondurienne après ces incidents.


Militaires et policiers demeuraient nombreux devant l'ambassade et patrouillaient dans les rues alentour pour faire respecter le couvre-feu permanent imposé par le gouvernement de fait. Un porte-parole de la police a déclaré que tous les manifestants avaient été dispersés.


A l'intérieur de l'ambassade, d'où il avait appelé la veille au rassemblement de la population dans la capitale, Manuel Zelaya a accusé la police de préparer une attaque.


"L'ambassade est encerclée par la police et l'armée (...). Je m'attends à des actes d'agression et de violence, ils pourraient bien envahir l'ambassade brésilienne", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision vénézuélienne Telesur.


Se disant "extrêmement inquiet" par ces incidents, le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim a prévenu que son pays ne tolèrerait aucune action contre sa mission et envisageait d'en référer au Conseil de sécurité.


"Notre première préoccupation est la sécurité du président Zelaya et la notre", a dit Amorim à la presse à New York.


Auparavant, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva avait souhaité une sortie de crise et souligné que son pays avait fait pour Zelaya "ce qu'aurait fait n'importe quel pays démocratique".

APPEL À NÉGOCIATIONS


Malgré les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis et par l'Union européenne, le président de facto Roberto Micheletti refuse toujours de quitter ses fonctions et menace de faire arrêter Zelaya s'il pose le pied sur le territoire.


Le gouvernement de Micheletti semblait en passe de remporter ce bras de fer politique, espérant que la pression de la communauté internationale s'assouplisse avec les élections présidentielles de novembre et l'investiture d'un nouveau président en janvier.


Mais le retour inattendu de Zelaya ranime le risque de manifestations de rue.


Américains, Européens et Etats membres de l'OEA ont demandé l'ouverture de négociations et le retour de la démocratie au Honduras.


Les Etats-Unis ont lancé un appel au calme et exhorté le gouvernement Micheletti à respecter l'immunité diplomatique de l'ambassade du Brésil. L'Union européenne a demandé aux parties en présence d'"éviter toute action susceptible d'accroître la tension et la violence."


Micheletti a déjà précisé qu'il n'avait aucune intention de rouvrir des négociations et a demandé au Brésil de livrer Zelaya afin que celui-ci soit jugé pour corruption et violation de la Constitution.


"Je maintiens que la justice attend qu'il se présente lui-même et qu'il paie pour les crimes qu'il a commis", a déclaré Micheletti lundi soir.


Manuel Zelaya avait été déchu sur ordre de la Cour suprême qui avait décrété son arrestation, estimant qu'il avait enfreint la loi en soutenant des reformes constitutionnelles supprimant la limite du nombre de mandats présidentiels.


Le président avait été interpellé chez lui en pleine nuit par des soldats et sorti de sa résidence sous le menace d'armes à feu. Zelaya avait démenti vouloir rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat.