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Denis Robert et Florian Bourges sur le banc des prévenus

Le journaliste Denis Robert et l'ex-auditeur stagiaire chez Clearstream, Florian Bourges, sont appelés à comparaître au Tribunal correctionnel de Paris dans le cadre de l'affaire du nom de la chambre de compensation luxembourgeoise.

Après une première journée marquée par des déclarations fracassantes de Dominique de Villepin, le procès de l’affaire Clearstream reprend, ce mardi, avec les interrogatoires du journaliste indépendant Denis Robert et de l’ex-consultant Florian Bourges.

Aujourd'hui complètement dépassé par les événements, Florian Bourges, 31 ans, est pourtant celui par qui ce "Watergate à la française" est arrivé. L’homme - costume, coupe de cheveux et bouc impeccables - comparaît pour vol et abus de confiance.

En 2001, tout juste sorti d’une école de commerce, celui-ci décroche un poste dans le cabinet d’audit Arthur Andersen, leader mondial de l’expertise comptable et financière, qui le conduit à auditionner les comptes de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream. L’établissement vient d’être épinglé par une enquête du journaliste Denis Robert, qui l’accuse d’être un rouage essentiel du blanchiment de l’argent sale circulant en Europe...

Florian Bourges y relève des "anomalies sur le système informatique", des transactions datées de 2016, des noms de clients inexistants et bien d’autres irrégularités qu’on lui suggère de ne pas dévoiler. À l’issue de sa mission, son cabinet d’audit ferme, mais lui conserve tous les documents collectés chez Clearstream, dont une liste de plus de 33 000 comptes ayant transité par l’établissement. Une liste qu’il transmet, à la fin de 2001, au journaliste Denis Robert, reconnaissant une "part de revanche dans cette démarche".

C'est alors que l’engrenage se met en marche. Journaliste indépendant de 51 ans, Denis Robert remet lui-même les listings à Imad Lahoud, l’informaticien qui est accusé de les avoir falsifiés. En 2002, puis en 2006, il publie par ailleurs un deuxième puis un troisième livre, dans lesquels il continue de dénoncer les pratiques de Clearstream. Les magistrats considèrent qu’il avait alors "pleinement connaissance [du fait] que les données et documents [qu'il utilise] (...) avaient nécessairement une origine frauduleuse". Le journaliste est mis en examen pour recel de vol et abus de confiance.

Ses avocats entendent demander la nullité partielle de l’ordonnance de renvoi, invoquant la liberté de la presse et le droit - garanti par la Convention européenne des droits de l'Homme - des journalistes à détenir des documents.

Dominique de Villepin contre Nicolas Sarkozy

Le premier jour du procès, lundi, a pris la tournure d'une véritable offensive contre Nicolas Sarkozy, ponctuée par une violente charge de Dominique de Villepin. "Je suis ici par l’acharnement d’un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi le président de la République française. J’en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français", a-t-il déclaré avant de pénétrer dans la salle du tribunal correctionnel.

De leur côté, ses avocats ont estimé que la présence de Nicolas Sarkozy en tant que partie civile était "contraire à l’égalité des armes". Il "est une partie civile comme les autres", a répondu, pour sa part, Me Thierry Herzog, l'avocat du chef de l'État, ajoutant que "cette affaire n'a pas pour origine une plainte avec constitution de partie civile" du président.

Dominique de Villepin est accusé d’avoir ordonné la falsification des listings issus de Clearstream et d'y avoir fait introduire le nom de l’actuel chef de l’État pour suggérer qu'il avait perçu différents pots-de-vin. Soupçonné d’avoir orchestré un tel complot pour déstabiliser son rival politique en vue de la présidentielle de 2007, l'ex-Premier ministre comparaît pour complicité de dénonciation calomnieuse, complicité d'usage de faux, recel d'abus de confiance et de vol. Il risque jusqu’à cinq ans de prison et 375 000 euros d'amende.