(avec dépêches) – Cinq syndicats de postiers descendent dans la rue pour s’opposer à la transformation de l’entreprise publique en une société par actions à capitaux publics au 1er janvier 2010.
"C'est un service qui restera 100% public", a assuré, lundi, le ministre du Travail Xavier Darcos sur France Info. "Pourquoi changer de statut, si ce n'est pour préparer l'ouverture du capital?" a rétorqué le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot, sur France Inter.
Et la guerre ne fait que commencer. Lundi, quatre syndicats de La Poste (CGT, Sud, CFTC, FO) ont appelé à une grève illimitée dans les 185 bureaux parisiens contre la suppression de 140 postes aux guichets en neuf mois. Le mouvement a été suivi par 40% à 50% du personnel selon les syndicats, 18% selon la direction.
Mardi, les actions se poursuivent au niveau national. Cinq syndicats appellent à une journée de mobilisation nationale contre le changement de statut de l'entreprise publique. Le cortège partira à 14H00 du siège de la Poste, à Montparnasse. Mercredi, les grévistes se rassembleront en assemblée générale devant le bureau de poste de Château Rouge (18e arrondissement), où un grève dure depuis le 7 février.
A l’origine de cette réforme : la Commission européenne, qui exige l’ouverture du secteur postal à la concurrence en janvier 2011. Pour faire face à celle-ci, le gouvernement souhaite injecter 2,7 milliards d’euros dans La Poste. Pour ne pas se faire accuser de concurrence déloyale par Bruxelles, la France change donc le statut de l’entreprise publique au 1er janvier 2010. A cette date, le capital restera entre les mains de l’État, des salariés et d’institutions publiques.
Pour le ministre chargé de l'Industrie, Christian Estrosi, l’objectif de la réforme est de "moderniser l’entreprise (…) pour qu’elle reste 100% publique".
Mais les syndicats, de leur côté, y voient une "privatisation". Ils craignent une amplification des réductions d'effectifs, une détérioration des conditions de travail, ainsi qu'une remise en cause de la distribution du courrier six jours sur sept et la disparition d'un prix du timbre unique sur tout le territoire.
Le groupe postal a enregistré un repli de 19% de ses profits au cours des six premiers mois de l'année, avec un chiffre d'affaires en baisse de 2%.