
Une danseuse afghane a fondé une troupe mixte pratiquant le Sama, danse traditionnellement réservée aux hommes, les derviches tourneurs dans la mystique soufie. C'est la première fois que des femmes dansent à Kaboul depuis la fin du régime taliban.
En Afghanistan, la danseuse Fahima Mirzaie a fondé une école de Sama ouverte aux femmes comme aux hommes. Cette danse ancestrale, qui remonte au XIIIe siècle, est traditionnellement réservée aux confréries soufies des derviches. La troupe, baptisée "Shohode Arefan", est forte d'une vingtaine de membres, femmes et hommes, et installée dans un quartier ouest de Kaboul, où les attaques ont été nombreuses ces dernières années.
Fahima Mirzaie, jeune femme âgée de 23 ans, est née dans la capitale afghane l'année qui a précédé l'arrivée des Taliban au pouvoir. Sa famille a fui en Iran, avant de revenir en Afghanistan en 2006. En décembre 2019, la troupe qu'elle a fondée s'est produite lors d'une cérémonie marquant la date anniversaire de la mort du poète Rûmî.
Les origines du Sama remontent au XIIIe siècle, dans les écrits du poète mystique persan Djalāl ad-Dīn Muḥammad Balkhi ou Rûmî, qui a fortement influencé le soufisme et institué la danse liturgique du Sama. Cette danse était non seulement interdite par les Taliban, mais pratiquée uniquement par les hommes.
"Récemment, le nombre de personnes qui s'opposent à notre art a augmenté, spécialement parmi les fondamentalistes religieux dans le pays. Mais si un Taliban venait et me disait de ne plus danser le Sama, je ne pourrai pas l'accepter parce que les Taliban n'ont pas le droit de décider de ce qui est bon pour nous, et leurs choix sont mauvais", tranche Fahima Mirzaie, interrogée par Reuters.