Pour la deuxième soirée consécutive mercredi, des violences ont éclaté au Liban entre forces de l'ordre et manifestants qui sont en colère contre le système bancaire.
La tension ne faiblit pas au Liban. Des dizaines de personnes se sont rassemblées dans la soirée du mercredi 15 janvier devant la Banque centrale dans le quartier de Hamra, à Beyrouth.
"À bas le règne de la banque" ou encore "Riad Salamé a provoqué la faillite du Liban", en allusion au gouverneur de la Banque centrale, ont scandé les manifestants alors que les forces de sécurité et l'armée ont imposé de strictes mesures de sécurité dans le secteur.
Mardi soir, la police y avait fait usage de lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants alors que des banques ont été vandalisées. Trente-sept personnes ont été blessées et hospitalisées, selon la Croix-Rouge libanaise et dix ont été traitées sur place. Les forces de sécurité ont annoncé 59 arrestations. Selon des médias locaux et des activistes, une dizaine d'entre eux ont été libérés dans la soirée.
Des blessés et des arrestations
Mercredi soir, des centaines de manifestants se sont également dirigés devant le commissariat de Hélou, un autre secteur de la capitale, où ils ont bloqué la route et scandé des slogans réclamant la libération des détenus, avant que des affrontements n'éclatent entre eux et les forces de sécurité, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes.
Des médias locaux et des militants ont rapporté que des manifestants, dont au moins un photojournaliste d'une agence de presse étrangère, avaient été blessés, tandis que les forces de sécurité ont arrêté plusieurs protestataires.
Le ministre de l'Intérieur par intérim Raya al-Hassan a diffusé un communiqué condamnant la violence et appelant les manifestants à rester pacifiques. "Nous n'acceptons ni l'attaque de journalistes qui font leur devoir en couvrant des événements et leurs développements, ni l'attaque des forces chargées de préserver la sécurité", a-t-il dit.
Les banques cristallisent la colère
Le Liban est le théâtre d'un vaste mouvement de contestation sociale qui a poussé le Premier ministre Saad Hariri à la démission le 29 octobre dernier, sur fond de grave crise économique.
La classe dirigeante jugée corrompue et incompétente et les banques, qui ont imposé de sévères restrictions aux déposants, cristallisent une grande partie de la colère. En pleine pénurie du billet vert, utilisé au Liban au même titre que la monnaie nationale, les retraits sont limités à environ un millier de dollars par mois. Il est devenu quasi impossible d'effectuer des virements à l'étranger.
Le Premier ministre sortant Saad Hariri, mais aussi le chef du Parlement Nabih Berri, ont fustigé un vandalisme "inacceptable". L’association des banques du Liban a dénoncé des actes "barbares".
Les épargnants accusent les banques de prendre leur argent en otage et d'avoir permis aux politiciens et hauts fonctionnaires d'effectuer des virements à l’étranger. La Banque centrale a annoncé qu'elle enquêtait sur des fuites de capitaux. Elle a aussi indiqué qu'elle voulait unifier et apporter une "couverture légale" aux restrictions draconiennes des banques.
Après un essoufflement qui a coïncidé avec les fêtes de fin d'année, les manifestations populaires ont repris depuis samedi. Mercredi, des rassemblements ont eu lieu à Beyrouth, mais aussi à Tripoli (nord) et à Nabatieh (sud) notamment.
Avec Reuters et AFP