Accusé d'"attouchements" par l'actrice Adèle Haenel, le réalisateur Christophe Ruggia a été placé en garde à vue mardi, a-t-on appris auprès du parquet de Paris. L'actrice française avait dénoncé en novembre, dans une enquête de Mediapart, les agissements du cinéaste lors du tournage de son premier film alors qu'elle n'avait que 13 ans.
Le réalisateur Christophe Ruggia a été placé en garde à vue, mardi 14 janvier, par les enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). En novembre, dans une longue enquête de Mediapart, l'actrice avait accusé le cinéaste d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" lorsqu'elle était âgée de 12 à 15 ans.
Adèle Haenel a déposé plainte et une enquête préliminaire a été ouverte le 6 novembre 2019 pour '"agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité" et "harcèlement sexuel". Alors qu'initialement elle ne souhaitait pas le faire, l'actrice a finalement décidé de s'engager "activement dans cette procédure, considérant qu'il est de sa responsabilité de justiciable comme de personnalité publique d'y prendre part", ont expliqué ses avocats.
L'actrice de 31 ans avait témoigné de "l'emprise" que Christophe Ruggia aurait exercée sur elle pendant la préparation et le tournage du film, puis un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou".
Le cinéaste de 54 ans avait d'abord nié toute agression. Un peu plus tard, dans un droit de réponse à Mediapart, il avait dit avoir "commis l'erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu'une telle posture suscite". Il avait alors demandé à l'actrice de lui "pardonner". Il a par la suite contre-attaqué dans les pages de Marianne, arguant qu'Adèle Haenel souhaitait se venger de lui car il lui avait refusé un film.
Le témoignage de l'actrice, récompensée par deux Césars, a ébranlé l'univers du cinéma français et nourri le débat sur les violences faites aux femmes, également illustré par de récentes accusations de viol contre le cinéaste Roman Polanksi.
Avec AFP