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Un cessez-le-feu à l'initiative d'Ankara et Moscou est entré en vigueur dimanche en Libye, pays ensanglanté par plus de neuf mois de combats aux portes de sa capitale. Des violations de la trêve ont déjà été signalées.

Le premier à proclamer le cessez-le-feu a été l'homme fort de l'est libyen. Le maréchal Khalifa Haftar, qui tente depuis avril de s'emparer de Tripoli, a ainsi répondu, samedi soir, peu avant minuit, à l'appel à la trêve lancé par Moscou et Ankara.

Son rival, Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d'union nationale (GNA, basé à Tripoli) a annoncé quelques heures plus tard qu'il acceptait lui aussi une cessation des hostilités, tout en soulignant le "droit légitime" de ses forces de "riposter à toute attaque".

La mission de l'ONU s'est félicitée de ces annonces, exhortant les parties "à laisser place aux efforts pour un dialogue interlibyen".

Des incidents signalés

Dans la matinée de dimanche, le GNA a signalé dans un communiqué que des échanges de tirs avaient eu lieu dans les secteurs de Salaheddine et du Wadi Rabea, aux abords de la capitale, quelques minutes après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Des coups de feu retentissaient toujours dimanche matin à Salaheddine et à Aïn Zara. De nombreuses milices formées lors du soulèvement de 2011 contre le régime de Mouammar Kadhafi restent actives en Libye et toutes n'obéissent pas aux deux principaux camps.

"Le GNA viole la trêve sur plus d'un front avec tous types d'armes", a déclaré Al Mabrouk Al Gazaoui, commandant d'une unité de l'Armée nationale libyenne, ajoutant que le mouvement attendait les instructions de son état-major.

Rejetant la responsabilité des violations de la trêve sur les "milices de l'agresseur", le GNA a toutefois renouvelé dans un communiqué "son engagement en faveur du cessez-le-feu" et invite la mission des Nations unies en Libye à veiller au respect de ses dispositions.

Depuis le début de l'offensive des pro-Haftar, plus de 280 civils ont été tués, selon l'ONU. D'après la même source, plus de 2 000 combattants ont en outre péri et 146 000 Libyens ont dû fuir les combats, dans un pays en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Moscou et Ankara à l'initiative

L'entrée en vigueur du cessez-le-feu intervient après un intense ballet diplomatique cette semaine, emmené par la Turquie et la Russie, qui se sont imposés comme des acteurs clés.

Les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et russe, Vladimir Poutine, avaient pris l'initiative mercredi d'appeler les camps rivaux à cesser les hostilités à compter de dimanche. Des camps qui semblent avoir cédé aux pressions diplomatiques, face aux craintes d'une internationalisation accrue de ce conflit sur la rive sud de la Méditerranée.

Plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est aujourd'hui déchirée entre deux autorités : le Gouvernement d'union nationale libyen (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Haftar.

Les deux camps bénéficient du soutien politique et militaire de puissances régionales et internationales, à l'image notamment de la Turquie qui appuie le GNA dirigé par Fayez al-Sarraj et de la Russie qui soutient les forces du maréchal Haftar.

Avec AFP