
Le Parquet national antiterroriste a annoncé samedi se saisir de l'enquête sur l'attaque au couteau de Villejuif qui, la veille, avait fait un mort et deux blessées, et dont l'auteur avait été abattu par la police.
Au lendemain de l'attaque au couteau perpétrée à Villejuif par un jeune homme atteint de troubles psychiatriques et converti à l'Islam, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé, samedi 4 janvier, se saisir de l'enquête. L'attaque avait fait un mort et deux blessées et l'assaillant avait été abattu par les policiers après que ceux-ci l'avaient sommé, en vain, de jeter son couteau.
"Si les troubles psychiatriques importants de l'auteur des faits sont avérés, les investigations des dernières heures ont permis d'établir une radicalisation certaine du mis en cause ainsi qu'une préparation organisée de son passage à l'acte", explique le PNAT dans un communiqué. Le parquet antiterroriste ajoute que ces investigations ont aussi "démontré un parcours meurtrier réfléchi et sélectif de nature à troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur".
"Extrême détermination"
Jusqu'ici, cette attaque au couteau menée vendredi peu avant 14 h dans le parc des Hautes-Bruyères à Villejuif était traitée comme un crime de droit commun et les investigations étaient conduites sous l'autorité du parquet de Créteil.
Désormais, l'enquête se poursuit pour "assassinat et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Les investigations ont été confiées en cosaisine à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la Direction régionale de la police judiciaire de Paris.
Plus tôt, la procureure de Créteil, Laure Beccuau, avait indiqué lors d'une conférence de presse que Nathan C., 22 ans, qui souffrait depuis son enfance de graves troubles psychiatriques et s'était converti à l'islam en 2017, avait perpétré cette attaque d'une "extrême violence" avec une "extrême détermination", en agissant "aux cris de Allah Akbar".
Dans le parc, il a d'abord épargné un premier passant après que celui-ci lui a certifié être musulman et a récité une prière en arabe, a précisé Laure Beccuau.
Il s'est ensuite attaqué à un couple, blessant mortellement l'homme, âgé de 56 ans, au niveau du cœur et blessant grièvement sa femme de 47 ans. Puis il a blessé au dos une joggeuse de 30 ans. Ces deux femmes sont aujourd'hui sorties de l'hôpital.
"Lettre testamentaire"
Sur les lieux de l'attaque, les enquêteurs ont retrouvé un sac appartenant à Nathan C. et contenant notamment des ouvrages "salafistes" ainsi qu'une lettre aux accents testamentaires.
Il s'agit d'une lettre qui "peut être considérée, non pas comme une lettre d'allégeance, mais une lettre de départ, une lettre testamentaire avec des répétitions assez caractéristiques du musulman qui s'autoflagelle et qui sait qu'il va peut-être faire le grand saut", a expliqué lors de la conférence de presse Philippe Bugeaud, directeur adjoint de la police judiciaire de Paris.
Ce courrier démontre que l'acte avait été "préparé", a estimé la procureure de Créteil.
Perquisitionné par les enquêteurs, le logement occupé par Nathan C. dans le XIVe arrondissement de Paris a également renforcé ces soupçons parce qu'il avait "tous les signes d'un appartement qui n'allait plus être occupé", a souligné Laure Beccuau.
Comme elle l'a rappelé, l'assaillant souffrait certes de graves problèmes psychiatriques mais ces troubles ne suffisent pas, selon elle, pour écarter une motivation terroriste.
Décrit par sa famille comme "brillant intellectuellement", Nathan C. faisait l'objet d'un suivi psychiatrique "depuis l'âge de 5 ans", a été hospitalisé à plusieurs reprises et était sorti d'un établissement en mai dernier avant d'arrêter son traitement en juin, a précisé Mme Beccuau.
Il souffrait par ailleurs de problèmes "d'addictions à des produits stupéfiants", a-t-elle ajouté.
Quelques jours avant les faits, l'assaillant avait souhaité se marier religieusement avec sa compagne, elle aussi convertie, mais avait essuyé le refus d'un imam au motif que la démarche n'avait pas été précédée d'un mariage civil, a indiqué à l'AFP la procureure, confirmant une information du Parisien.
Avec AFP