Plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont à nouveau défilé, vendredi, à Alger pour réclamer le renouvellement de la classe dirigeante. Une mobilisation toutefois en deçà de celles observées ces dernières semaines.
Quelques dizaines de milliers d'Algériens ont manifesté, vendredi 27 décembre, dans les rues d'Alger à l'occasion du dernier rassemblement hebdomadaire de l'année contre le régime. Le cortège était toutefois plus dispersé que celui des dernières semaines, selon une journaliste de l'AFP.
Environ une heure après la fin de la grande prière hebdomadaire qui marque traditionnellement le début des marches, la mobilisation semblait l'une des plus faibles depuis le début du "Hirak", le "mouvement" populaire, inédit et massif, de contestation pacifique du régime algérien, né le 22 février.
Les manifestants interrogés ont affiché une certaine colère, mais aussi de la détermination à poursuivre le mouvement. "Nous on est là, on continue le combat", témoigne Hocine, fonctionnaire de 50 ans, dans le cortège, où sont brandis de nombreux portraits de Ramdane Abane, assassiné il y a 62 ans jour pour jour [le 27 décembre 1957].
Une marche anti-régime
Dirigeant politique historique du Front de libération nationale (FLN), mis sur pied pour lutter contre le pouvoir colonial français, Ramdane Abane était l'un des architectes de la plateforme politique du mouvement, affirmant notamment la "primauté du politique sur le militaire".
C'est le 45e vendredi consécutif de manifestation hebdomadaire pour la contestation, entrée dans son onzième mois. C'est aussi le deuxième vendredi de marche anti-régime depuis l'entrée en fonctions du nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, le 19 décembre.
Cet ancien fidèle du président Abdelaziz Bouteflika a été élu sur fond d'abstention historique (60 %), lors d'un scrutin organisé par le pouvoir le 12 décembre pour trouver un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint en avril à la démission par les manifestations massives.
Un cortège moins compact qu'à l'accoutumée
Une présidentielle boycottée par la contestation, qui avait donné lieu à des manifestations de grande ampleur les semaines précédant le vote, dénonçant une volonté du régime de se régénérer.
Le cortège, moins compact qu'à l'accoutumée vendredi, contraste avec la foule impressionnante qui a rendu hommage deux jours avant au général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et ouvertement maître du pays ces huit derniers mois.
Mort le 23 décembre à 79 ans d'une crise cardiaque, le chef d'état-major était régulièrement conspué dans les cortèges, étant vu par la contestation comme l'intraitable gardien du système rejetant toutes les revendications du "Hirak".
Avec AFP