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Après Omar Bongo, l'héritage fragile de la paix

L'élection pour la succession du président Omar Bongo, qui a régné 41 ans sur le Gabon, a débouché sur une crise violente et des émeutes meurtrières. Reportage auprès des trois candidats qui revendiquent la victoire.

Sur le bord de mer, les portraits de campagne tapissent encore le paysage. Comme autant de signes d’une bataille post-électorale toujours en cours.
Il y a pourtant bien un président proclamé : Ali Bongo. Mais deux autres présidents virtuels revendiquent le poste suprême : André Mba Obame, l'ex-ministre de l'Intérieur, et Pierre Mamboundou, leader historique de l’opposition.
"Je prends des précautions parce que je sais qu’en face, on ne fait pas dans la dentelle. Il [Ali Bongo] a été proclamé président, mais c’est moi, c’est connu de tous, c’est moi, vous le savez, qui ai gagné l’élection présidentielle… ", clame Obame.
D’après les résultats officiels, Ali Bongo, fils du défunt président Omar Bongo, est élu avec 41,73 % des voix, devant André Mba Obame (25,88 %) et l'opposant Pierre Mamboundou (25,22 %).
Jusqu'à samedi pour déposer un recours
L’annonce de la victoire d’Ali Bongo a mis le feu aux poudres à Port-Gentil, capitale économique et bastion de l’opposition. Les émeutes ont fait trois morts selon les autorités, et au moins 15 d'après l'opposition.
Les candidats qui contestent les résultats ont jusqu'à ce samedi pour déposer un recours devant la Cour constitutionnelle. André Mba Obame a annoncé en avoir déposé un et demande une annulation du scrutin, "faussé" selon lui par une "fraude massive".
Outre M. Mba Obame, trois autres candidats battus ont également annoncé avoir déposé un recours en annulation pour les mêmes motifs, et d'autres le feront d'ici la date limite fixée à samedi, a annoncé jeudi un collectif de candidats, dont fait partie M. Mba Obame.
A compter de samedi, la Cour dispose d'un mois maximum pour statuer. D’ici là, l’équilibre du pays reste instable. Omar Bongo se vantait d’avoir préservé la paix pendant ses 42 ans de règne. La paix reste aujourd’hui un héritage fragile sur lequel l’héritier désigné sera jugé.