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Plus de 600 kilomètres de bouchons ont été enregistrés lundi autour de 8 h 30 sur les routes d'Ile-de-France en raison de la grève dans les transports en commun liée à la mobilisation contre la réforme des retraites, selon le site d'information routière Sytadin.

Le mouvement de grève se poursuivait massivement, lundi 9 décembre, dans les transports publics en France, en particulier à Paris, provoquant plus de 600 kilomètres de bouchons en Ile-de-France dans la matinée, à l'orée d'une semaine déterminante pour la réforme des retraites dont le contenu détaillé doit être présenté mercredi.

Alors que le trafic SNCF et RATP reste très perturbé depuis jeudi, jour de mobilisation massive contre le "système universel" de retraite voulu par Emmanuel Macron, un lundi noir se dessine du fait de l'affluence escomptée en gares et stations.

La SNCF indique assurer "entre 15 % à 20 %" de son trafic habituel, soit un TGV et un Transilien (RER SNCF et trains de banlieue) sur cinq, trois liaisons TER sur dix (essentiellement assurées par bus), un train Intercités sur cinq et un trafic international "très perturbé".

Réforme des retraites : semaine décisive pour le gouvernement, les transports à nouveau très perturbés

La RATP faisait état de son côté d'un trafic en région parisienne "extrêmement perturbé", avec neuf lignes de métro sur seize fermées lundi, et une circulation extrêmement réduite pour six autres. Suite à un "incident technique", le trafic était par ailleurs interrompu sur une partie de ligne 4 une bonne partie de la matinée.

Sept des 25 "centres bus" de la RATP ont été bloqués lundi matin par des grévistes, avant que les piquets de grève ne soient levés peu après 9 h 00 ou que les manifestants soient délogés par les forces de l'ordre.

Le covoiturage favorisé

En conséquence, de nombreux usagers se sont résolus à prendre le volant : environ 620 kilomètres de bouchons étaient enregistrés lundi autour de 8 h 30 sur les routes d'Ile-de-France, selon le site d'information routière Sytadin, et environ 150 km de bouchons s'accumulaient encore en milieu de matinée.

Les perspectives ne sont pas meilleures pour mardi compte tenu de la deuxième journée de mobilisation interprofessionnelle, à l'appel notamment de l'intersyndicale CGT, FO, Solidaires et FSU.

Pour faciliter les trajets des Franciliens, les véhicules pratiquant le covoiturage (trois personnes au moins) étaient autorisés lundi à circuler sur les voies des bus et taxis sur les "grands axes qui arrivent sur Paris", à partir de 5 h 00, mais pas dans la capitale, selon la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.

Côté raffineries, cinq sur huit sont bloquées, selon Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral CGT Chimie. Seules les deux raffineries Esso de Fos (Bouches-du-Rhône) et Gravenchon (Seine-Maritime) et la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) fonctionnent normalement.

Depuis la nuit de dimanche à lundi des membres de la CGT et des Gilets jaunes ont bloqué l'accès au dépôt pétrolier de Frontignan (Hérault), selon des Gilets jaunes. Sous pression après un jeudi de mobilisation qui a jeté dans la rue plus de 800 000 manifestants, l'exécutif doit lever le voile sur une réforme des retraites encore floue.

Le gouvernement défend un "système universel" par points censé remplacer à partir de 2025, ou un peu plus tard, les 42 régimes existants et être "plus juste", quand ses opposants redoutent une "précarisation" des pensionnés.

"Des réponses extrêmement positives pour beaucoup de gens"

Lundi à 15 h 30, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye et la ministre des Solidarités Agnès Buzyn reçoivent les partenaires sociaux afin de "tirer les conclusions" de la concertation relancée en septembre. Les numéros 1 des syndicats ne seront pas présents à cette réunion. Mais c'est la journée de mercredi qui est particulièrement attendue, lorsque le Premier ministre présentera "l'intégralité du projet" de réforme.

Dans ce contexte, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a trouvé "gênant" sur franceinfo que Jean-Paul Delevoye n'ait pas déclaré sa fonction d'administrateur bénévole de l'Institut de formation de la profession de l'assurance (Ifpass) dans sa déclaration d'intérêts à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), comme l'a révélé Le Parisien lundi.

Une "erreur" et "une omission par oubli", a réagi le haut-commissaire auprès du quotidien, reconnaissant que "ce n'est pas responsable". Il a démissionné de cette fonction en milieu de matinée.

Emmanuel Macron et Édouard Philippe, qui ont déjà consulté tout le weekend, recevront les ministres les plus concernés par la réforme et les dirigeants de la majorité à un dîner de "calage" mardi. "On pourra apporter des réponses extrêmement positives pour beaucoup de gens qui subissent des injustices dans le système actuel : les femmes, les agriculteurs, et ceux qui ont des parcours hachés notamment", avait assuré dimanche Édouard Philippe.

Annoncer le retrait de la réforme ? "Jamais de la vie", s'est exclamé lundi le président du groupe LRM à l'Assemblée, Gilles Le Gendre. "Notre souhait ? C'est que ça s'arrête, que le Premier ministre dise mercredi 'on s'est trompés'", a lancé le numéro un de la CGT sur LCI, Philippe Martinez, qui veut le retrait de la réforme. "Je ne négocierai pas la mise en oeuvre de ce que je qualifie (de) monstre, (de) danger pour les retraites de demain", a abondé le numéro un de Force ouvrière, Yves Veyrier.

Favorable à un régime par points, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, qui exhorte le gouvernement à sortir de l'ambiguïté, est muet depuis le début de la grève.

Le gouvernement devra faire preuve de pédagogie pour répondre aux inquiétudes exprimées par de nombreuses professions appelées à se mobiliser à nouveau mardi. Parmi elles, les enseignants, qui craignent que leurs pensions baissent avec les nouvelles règles, mais aussi, sur des revendications toutes autres, les internes, alors que la situation est inflammable à l'hôpital.

La CGT est "déjà en réflexion" pour une nouvelle journée de mobilisation jeudi, selon Laurent Brun, numéro un de la CGT-Cheminots. Une intersyndicale est programmée mardi soir.

Avec AFP